À peine quelques heures après son investiture très attendue pour un second mandat à la Maison Blanche, le 47e président des États-Unis Donald Trump enchaîne déjà les décrets polémiques. Au programme : un nouveau retrait de l’accord de Paris sur le climat, un retrait de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et une grâce présidentielle pour les assaillants du Capitole. Des décisions chocs qui donnent le ton de ce que sera son nouveau mandat.
Trump retire à nouveau les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat
Fidèle à ses convictions climatosceptiques, une des premières décisions de Donald Trump a été de signer un décret pour retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Un accord qu’il a qualifié d’«escroquerie injuste et unilatérale» lors d’un discours devant ses partisans.
Je me retire immédiatement de l’accord de Paris sur le climat, une escroquerie injuste et unilatérale. Les États-Unis ne saboteront pas leurs propres industries pendant que la Chine pollue en toute impunité.
Donald Trump
Ce retrait risque de mettre en péril les efforts mondiaux pour freiner le réchauffement climatique. L’accord de Paris, signé par la quasi-totalité des pays, vise à maintenir le réchauffement sous 1,5°C. Sans la participation des États-Unis, premier pollueur historique, cet objectif semble difficilement atteignable.
Un retrait très critiqué par la communauté internationale
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump retire son pays de cet accord crucial. Lors de son premier mandat, il avait déjà clamé haut et fort son opposition à ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama. Une position vivement critiquée par ses alliés européens et la communauté scientifique.
Son successeur démocrate Joe Biden avait réintégré l’accord dès son arrivée au pouvoir. Mais ce nouveau retrait risque d’avoir des conséquences durables, alors que le temps presse pour agir face à l’urgence climatique.
Les États-Unis, un acteur incontournable dans la lutte climatique
Avec 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les États-Unis sont le deuxième plus gros pollueur de la planète derrière la Chine. Leur participation est donc cruciale pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.
Mais Donald Trump a toujours nié la réalité du changement climatique, n’hésitant pas à qualifier le réchauffement de «canular». Durant son premier mandat, il avait déjà démantelé de nombreuses réglementations environnementales, favorisant les énergies fossiles au détriment des renouvelables.
Les États-Unis se retirent aussi de l’OMS
Donald Trump a également signé un décret visant à retirer les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il accuse l’institution onusienne de l’avoir «escroqué» dans sa gestion de la pandémie de Covid-19.
L’OMS nous a escroqués.
Donald Trump
Selon le décret présidentiel, les agences fédérales doivent suspendre tous les financements destinés à l’OMS. Une décision lourde de conséquences, alors que les États-Unis sont le principal donateur de l’organisation.
Ce retrait devrait déclencher une restructuration profonde de l’institution, basée à Genève. Il pourrait aussi nuire aux efforts mondiaux de santé publique, en particulier en matière de surveillance et de lutte contre les épidémies. L’OMS joue en effet un rôle central de coordination lors des situations d’urgence sanitaire.
Trump avait déjà suspendu la contribution américaine
Durant la crise du Covid-19, Donald Trump avait vivement critiqué l’OMS, l’accusant d’avoir mal géré la pandémie et d’être trop proche de la Chine. Il avait gelé la contribution américaine en avril 2020, privant l’organisation d’environ 15% de son budget.
Une décision jugée «irresponsable» par de nombreux experts en santé publique. À l’époque, le directeur de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus avait mis en garde contre les dangers d’une telle mesure en pleine pandémie.
Une grâce polémique pour les assaillants du Capitole
Donald Trump a par ailleurs gracié les quelques 1500 personnes condamnées pour leur participation à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Il a qualifié les émeutiers «d’otages», renouant avec sa rhétorique complotiste sur une élection soi-disant volée.
C’est pour le 6 janvier, pour les otages, environ 1500 personnes qui seront complètement graciées.
Donald Trump
Pour rappel, une foule de partisans de Donald Trump avait pris d’assaut le Congrès américain ce jour-là, pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle. Les images des émeutiers saccageant le temple de la démocratie américaine avaient choqué le monde entier.
Une décision qui passe mal auprès des démocrates
Cette grâce présidentielle a immédiatement suscité l’indignation dans le camp démocrate. De nombreux élus ont dénoncé un «coup de force» et une atteinte grave à l’État de droit. Ils craignent que cela n’encourage de futures violences politiques.
«C’est un affront à notre démocratie et à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie ce jour-là», a réagi sur Twitter la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, figure de l’aile gauche du parti. De son côté, le sénateur Bernie Sanders a jugé la décision «honteuse et dangereuse».
Ces premières décisions donnent un avant-goût de ce que sera la présidence Trump bis : un mélange de népotisme, de dénégation de la science et de mépris des institutions démocratiques. De quoi inquiéter ceux qui espéraient que le milliardaire aurait retenu les leçons de son premier mandat tumultueux.
Alors que nous réservent les quatre prochaines années ? Une chose est sûre, Donald Trump ne compte pas changer de méthode. Les États-Unis et le monde doivent se préparer à une nouvelle ère d’instabilité et de controverses.