À quelques jours des élections législatives au Japon, les principaux partis politiques multiplient les propositions pour réformer la fiscalité des cryptomonnaies. Une thématique devenue incontournable pour séduire un électorat de plus en plus sensible aux enjeux du secteur crypto.
Une fiscalité crypto au cœur des débats électoraux
Alors que les Japonais s’apprêtent à renouveler la Chambre des représentants le 27 octobre prochain, la question de la fiscalité des cryptomonnaies s’est invitée dans la campagne électorale. Selon des sources proches des états-majors des partis, réformer la taxation des cryptoactifs est devenu un enjeu crucial pour capter les voix des investisseurs crypto, de plus en plus nombreux dans l’archipel.
Le régime fiscal des cryptomonnaies au Japon est depuis longtemps critiqué par la communauté crypto. Actuellement, les plus-values réalisées sont imposées au titre de l’impôt sur le revenu, avec un taux pouvant grimper jusqu’à 45% pour les contribuables les plus aisés. Un traitement fiscal bien moins avantageux que pour les gains issus de la vente d’actions par exemple, taxés à taux fixe de 20%.
Le Parti Démocrate pour le Peuple en pointe sur la crypto
Parmi les formations politiques en lice, c’est le Parti Démocrate pour le Peuple (DPFP) qui se montre le plus offensif sur le dossier crypto. Son leader Yuichiro Tamaki a multiplié les annonces en faveur d’un assouplissement de la fiscalité. Sur les réseaux sociaux, il a ainsi promis des « réductions d’impôts claires » et « des réformes réglementaires » s’il arrivait au pouvoir.
Concrètement, le DPFP propose de créer un régime fiscal dédié pour les cryptoactifs, avec un taux unique de 20%, aligné sur celui des plus-values mobilières classiques. Le parti souhaite aussi supprimer toute imposition lors des échanges de cryptomonnaies contre d’autres cryptomonnaies. Des mesures séduisantes pour les investisseurs crypto cherchant à optimiser la fiscalité de leurs plus-values.
Si tu penses que les cryptoactifs devraient être taxés séparément à 20% au lieu d’être traités comme un revenu divers, vote pour le Parti Démocrate pour le Peuple. Il n’y aura pas d’impôts sur les échanges de cryptoactifs contre d’autres cryptoactifs.
Yuichiro Tamaki, leader du DPFP, sur Twitter le 20 octobre
Le DPFP mise aussi sur le développement de la Web3
Au-delà de la seule fiscalité, le Parti Démocrate pour le Peuple entend miser sur le développement global de l’écosystème crypto et de la Web3 au Japon. Il propose ainsi de:
- Lancer des fonds indiciels (ETF) adossés à des cryptomonnaies
- Convertir le yen en monnaie numérique
- Permettre aux collectivités locales d’émettre leurs propres « monnaies régionales numériques » pour dynamiser les économies locales
Avec ces propositions, le DPFP espère se démarquer comme le parti le plus crypto-friendly dans un paysage politique japonais longtemps méfiant envers les monnaies numériques. Une stratégie payante ? Réponse dans les urnes.
Les autres partis tentent de suivre le mouvement
Face à l’offensive du DPFP, les autres grandes formations politiques japonaises ont été contraintes de se positionner sur le sujet crypto. Elles rivalisent désormais de propositions pour ne pas se laisser distancer.
Le Parti Libéral-Démocrate (PLD) au pouvoir, qui avait entamé une réflexion sur la fiscalité des cryptomonnaies, a accéléré ses travaux à l’approche des élections. Des proches du Premier ministre Shigeru Ishiba assurent que la question sera une priorité en cas de victoire.
De son côté, le Parti Démocrate Constitutionnel du Japon, principale force d’opposition, a lui aussi promis de revoir le régime fiscal des cryptos s’il arrivait aux affaires. Il envisage même d’aller plus loin en établissant un cadre juridique dédié pour les organisations autonomes décentralisées (DAO).
Le Japon, futur hub crypto mondial ?
Cette effervescence politique autour des cryptomonnaies n’est pas anodine. Elle reflète la place croissante prise par le secteur crypto dans l’économie et la société japonaises ces dernières années.
Malgré une réglementation longtemps contraignante, le pays compte désormais parmi les plus importants marchés crypto au monde, porté par des géants comme BitFlyer ou Coincheck. Selon une étude récente, près d’un Japonais sur cinq détiendrait désormais des cryptomonnaies.
Les autorités nippones semblent avoir pris la mesure de cet engouement et des opportunités offertes par la révolution crypto. Depuis 2 ans, le cadre réglementaire a été progressivement assoupli pour attirer les entreprises et les investisseurs. Une stratégie qui pourrait permettre au Japon de devenir un hub crypto incontournable en Asie, au même titre que Singapour ou Hong Kong.
Dans ce contexte, la compétition que se livrent désormais les partis politiques japonais sur le terrain crypto apparaît comme un jalon supplémentaire. Quel que soit le vainqueur des élections, nul doute que la prochaine législature sera placée sous le signe du soutien assumé au développement de l’écosystème crypto. De quoi conforter un peu plus le statut du Japon comme puissance crypto mondiale en devenir.