Les magnats de la Silicon Valley sont-ils devenus les nouveaux « oligarques » menaçant la démocratie américaine ? C’est en tout cas l’inquiétude exprimée par le président Joe Biden dans son discours d’adieux. Selon lui, l’influence démesurée de ces milliardaires de la tech, à la tête d’empires économiques tentaculaires, fait peser un risque majeur sur les fondements mêmes des institutions démocratiques du pays.
La montée en puissance d’un « complexe technologico-industriel » préoccupant
Dans son allocution, le président Biden a pointé du doigt l’émergence d’un véritable « complexe technologico-industriel » rappelant le fameux « complexe militaro-industriel » dénoncé en son temps par Dwight Eisenhower. Des figures emblématiques comme Jeff Bezos (Amazon), Mark Zuckerberg (Meta) ou encore Elon Musk (Tesla, SpaceX) règnent désormais sur de vastes pans de l’économie, concentrant entre leurs mains un pouvoir potentiellement dangereux s’il n’est pas régulé.
Un rapprochement troublant avec le nouveau président
Fait notable, ces grands patrons de la tech, qui s’étaient tenus à distance de Donald Trump lors de son premier mandat, se sont ostensiblement rapprochés de lui dernièrement. Elon Musk en particulier a déboursé plus d’un quart de milliard de dollars pour soutenir la campagne du président nouvellement élu. Leur présence remarquée parmi les invités d’honneur de la cérémonie d’investiture soulève des interrogations légitimes.
Je ne pense pas que cela soit juste de comparer Musk aux oligarques de régimes autoritaires
Lorenzo Castellani, professeur d’histoire à l’université Luiss de Rome
Un pouvoir sans précédent dans l’histoire américaine
Si certains relativisent la comparaison avec les oligarques russes par exemple, d’autres experts s’alarment de l’ampleur inédite du phénomène. Selon David Lingelbach, professeur d’entrepreneuriat, ces nouveaux magnats disposent d’un pouvoir quasi inégalé dans l’histoire des États-Unis, à l’exception peut-être de l’ère des « barons voleurs » comme Rockefeller ou Carnegie à la fin du 19ème siècle.
La désinformation, arme de déstabilisation massive
Plus que leur fortune personnelle ou la taille de leurs entreprises, c’est surtout l’usage de la désinformation qui inquiète. Sous couvert de défendre la liberté d’expression, certains comme Elon Musk (via Twitter/X) ou Mark Zuckerberg (Meta) ont ouvert grandes les vannes à la propagation de théories complotistes et d’allégations mensongères sans réelle modération, sapant dangereusement la confiance dans les institutions.
Vers une cohabitation intéressée avec le pouvoir ?
La question se pose désormais de savoir si cette proximité affichée entre le nouveau président et ces oligarques high-tech va perdurer tout au long du mandat. Pour certains observateurs, la coexistence entre deux egos surdimensionnés comme ceux de Donald Trump et Elon Musk risque d’être compliquée sur la durée. Il n’en demeure pas moins que la mise en garde de Joe Biden résonne comme un signal d’alarme face à une dérive potentiellement liberticide.
