Le scandale entourant Mohamed Al-Fayed, l’ex-propriétaire du célèbre grand magasin londonien Harrods, ne cesse de prendre de l’ampleur alors que de nouvelles victimes présumées sortent de l’ombre pour témoigner. Accusé de dizaines de viols et d’agressions sexuelles sur une période de plus de 30 ans, l’homme d’affaires milliardaire n’aura pourtant jamais été inquiété de son vivant. Un an après son décès à l’âge de 94 ans, l’affaire continue de faire parler d’elle et soulève de nombreuses questions.
De nouvelles victimes présumées brisent le silence
Depuis les premières révélations diffusées par la BBC en septembre dernier, le nombre de femmes accusant Mohamed Al-Fayed ne cesse de croître. Cette semaine, Bianca Gascoigne, fille de l’ancien footballeur anglais Paul Gascoigne, s’est confiée à la chaîne Sky News. Elle affirme avoir été agressée sexuellement par le magnat égyptien alors qu’elle n’avait que 16 ans et travaillait chez Harrods.
Bianca Gascoigne décrit Al-Fayed comme un homme “charmant” offrant des cadeaux, lui donnant un “faux sens de sécurité”. Mais une fois embauchée, la réalité aurait été tout autre. Lors de réunions hebdomadaires, il l’aurait forcée à l’embrasser et touchée de manière inappropriée, allant jusqu’à essayer de la contraindre à des attouchements sexuels. A l’époque, il l’aurait menacée de renvoi si elle parlait.
Un système de prédation bien rodé
Les révélations de Bianca Gascoigne font écho à celles d’autres victimes présumées. Selon nos sources, Al-Fayed choisissait ses cibles, de préférence jeunes et blondes, en faisant le tour de son magasin Harrods. Les agressions se seraient également produites dans d’autres propriétés du milliardaire à travers le monde, ainsi qu’au Ritz à Paris, qu’il possédait depuis 1979.
Dès 1995, le magazine Vanity Fair avait évoqué dans un long portrait les méthodes douteuses d’Al-Fayed envers ses employées : sélection des plus jolies comme assistantes personnelles, billets glissés dans leur corsage, humiliations en cas de refus… Un règne “par la peur” avec surveillance constante et licenciements abusifs. Mais à l’époque, ses avocats avaient réussi à étouffer l’affaire.
Une affaire qui prend une ampleur inquiétante
Depuis le décès d’Al-Fayed l’an dernier, les langues se délient. La police de Londres a reçu pas moins de 60 nouveaux témoignages et une équipe d’avocats affirme représenter 116 “survivantes” à travers le monde. Harrods a indiqué être en discussion avec plus de 250 personnes pour trouver un accord.
Pourtant, entre 2005 et 2023, sur les 21 plaintes déposées, aucune n’avait donné lieu à des poursuites, le parquet estimant à l’époque qu’il n’y avait pas de “perspective réaliste de condamnation”. Aujourd’hui, la mort d’Al-Fayed empêche toute poursuite.
De troublantes similitudes avec Epstein et Weinstein
Certains avocats n’hésitent pas à comparer cette affaire à celles des Américains Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein, deux autres puissants accusés d’avoir abusé de leur position pour agresser sexuellement de nombreuses femmes en toute impunité pendant des années.
Ce sont des systèmes où des hommes puissants et riches exploitent des femmes vulnérables, souvent jeunes, en utilisant leur position pour les attirer puis les faire taire.
– Une source proche du dossier
Comme dans ces affaires, les victimes présumées d’Al-Fayed décrivent un schéma similaire : un homme influent profitant de son pouvoir pour piéger et agresser des femmes, puis les menacer si elles osent parler. Un système bien rodé qui aurait perduré pendant des décennies en toute impunité.
Un scandale qui risque de faire des remous
Au-delà du cas Al-Fayed, cette affaire met une nouvelle fois en lumière la question des violences sexuelles commises par des hommes de pouvoir. Elle soulève également des interrogations sur le silence qui les entoure, souvent pendant de très longues années, avant que les victimes n’osent enfin parler.
Pour les “survivantes d’Harrods” et leurs avocats, le combat ne fait que commencer. Leur objectif : obtenir justice et réparation, même si Mohamed Al-Fayed n’est plus là pour répondre de ses actes devant un tribunal. Un procès qui aurait sans doute permis de lever le voile sur l’ampleur du système mis en place par le milliardaire et ses éventuels complices.
Une chose est sûre : comme les scandales Epstein et Weinstein avant lui, le dossier Al-Fayed risque bien de faire trembler le monde des puissants. Et de poser, une fois encore, la question de leur impunité face aux crimes sexuels.