Le monde du rugby français s’inquiète. De nouvelles règles adoptées ou en passe de l’être par World Rugby font craindre une remise en cause profonde du jeu d’avants, fierté de l’ovalie tricolore. Une véritable levée de boucliers est en cours, Fabien Galthié en tête, pour contrer ce qui est perçu comme une offensive des nations du Sud.
Carton rouge et mêlée dans le viseur
Deux mesures cristallisent les tensions. La première, déjà actée, est l’expérimentation d’un carton rouge de 20 minutes. Une sanction jugée trop clémente par beaucoup en France, qui y voient un mauvais signal envoyé en matière de sécurité des joueurs.
Mais c’est surtout la seconde qui soulève une vague d’opposition : une modification des règles de la mêlée qui, selon ses détracteurs, pourrait entraver cet élément si emblématique du jeu français. La proposition, portée par les grandes nations de l’hémisphère Sud, sera soumise au vote dans quelques jours. Un timing qui accentue le sentiment d’un passage en force.
La France cherche des appuis
Face à ces réformes qu’elle juge néfastes, la Fédération Française de Rugby tente de mobiliser ses alliés. Le sélectionneur Fabien Galthié a pris la tête de la fronde, estimant qu’il fallait “lutter contre ce diktat que nous impose World Rugby”. Mais la France peine à trouver des soutiens solides, même l’Afrique du Sud s’étant déclarée favorable au carton rouge de 20 minutes.
Vers un jeu plus spectaculaire mais dénaturé ?
Pour les initiateurs de ces changements, principalement les grands pays de l’hémisphère Sud, l’objectif affiché est de rendre le rugby plus spectaculaire et attractif, notamment à la télévision. Une vision que ne partage pas le camp français, qui y voit plutôt une tentative d’affaiblir ses points forts traditionnels que sont la mêlée et les ballons portés.
On a le sentiment que Néo-Zélandais et Australiens oeuvrent à un lent travail d’élagage du jeu d’avants.
Un dirigeant français anonyme
Derrière la question des règles, c’est donc une véritable bataille culturelle qui se joue entre deux visions du rugby. D’un côté, la volonté d’un jeu plus débridé et spectaculaire porté par les nations du Sud. De l’autre, l’attachement à un rugby complet où la conquête et le combat collectif gardent une place centrale, défendu avec vigueur par la France.
Vers une refonte en profondeur ?
Au-delà de ces deux mesures emblématiques, c’est un mouvement de fond qui semble s’amorcer et qui pourrait, à terme, redéfinir en profondeur les équilibres du rugby mondial. Avec en toile de fond la volonté de World Rugby de développer le sport au niveau planétaire en le rendant plus accessible et télégénique.
Une stratégie qui se heurte aux résistances des bastions traditionnels comme la France, attachés à préserver l’essence et la diversité de ce sport. Le débat est loin d’être clos et les prochaines décisions de l’instance dirigeante seront scrutées avec attention. L’avenir du rugby mondial est en jeu.