À l’aube d’une passation de pouvoir qui s’annonce mouvementée, le président sortant Joe Biden a dévoilé jeudi de nouveaux objectifs climatiques ambitieux pour les États-Unis. Mais avec le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche, l’avenir de ces engagements apparaît bien incertain.
Un plan climatique « audacieux » pour les États-Unis
Selon le plan déposé aux Nations Unies dans le cadre de l’accord de Paris, les États-Unis, deuxième plus gros pollueur mondial, visent désormais une baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre de 61 à 66% d’ici 2035 par rapport à 2005. Un objectif bien plus ambitieux que l’engagement précédent qui tablait sur une réduction de moitié d’ici 2030.
Ce programme constitue le plan d’action climatique le plus audacieux de l’histoire des États-Unis.
Joe Biden, Président des États-Unis
Pour atteindre ces objectifs, l’administration Biden mise sur les fruits de ses investissements massifs dans les énergies renouvelables, mais aussi sur la contribution du secteur privé. Chaque État fixe librement ses propres cibles, mais est censé les revoir à la hausse tous les cinq ans.
Le spectre du retour de Trump
Mais le retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier prochain devrait sérieusement bousculer ces plans. Le républicain, grand défenseur des énergies fossiles, pourrait bien décider de se retirer à nouveau de l’accord de Paris, comme il l’avait fait lors de son premier mandat.
Sa porte-parole Karoline Leavitt a d’ailleurs vanté les politiques passées de Trump, affirmant qu’elles avaient permis de « faire progresser la conservation et la gestion de l’environnement tout en promouvant la croissance économique ». Elle a assuré qu’un second mandat permettrait d’assainir l’air et l’eau, sans toutefois mentionner les engagements climatiques.
Le pari de l’échelon local et du secteur privé
Face à ce risque, John Podesta, l’émissaire climat de Biden, assure être confiant dans la capacité du secteur privé et des autorités locales à maintenir le cap. Il rappelle que des États et des villes démocrates avaient déjà mis en place des mesures lors du premier mandat de Trump.
Ce n’est pas un voeu pieux, cela s’est déjà produit auparavant.
John Podesta, émissaire climat de Joe Biden
Toutefois, Podesta reconnaît que les politiques fédérales décidées par les républicains pourraient « mettre l’action climatique en veille ». Les ONG environnementales, elles, saluent ces nouveaux objectifs ambitieux qui constituent selon elles une référence importante, même si l’administration Trump ne les met pas en oeuvre.
Les États-Unis à la traîne malgré les efforts
Malgré les projets portés par Biden, avec notamment des investissements massifs dans les énergies vertes, les États-Unis, premier producteur mondial de pétrole et de gaz, restent à la traîne en matière de lutte contre le changement climatique.
Le pays n’a atteint que 18% de réduction de ses émissions en 2023 et ne devrait parvenir qu’à une baisse de 38 à 56% d’ici 2035, loin des objectifs affichés. Une situation préoccupante alors que l’accord de Paris vise à limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle et que le monde s’est déjà réchauffé de 1,3°C en moyenne.
Les autres grands pollueurs dans l’expectative
Les autres grands pays émetteurs n’ont pas encore dévoilé leurs prochains objectifs climatiques. L’Union Européenne, quatrième pollueur mondial, envisage une réduction de 90% de ses émissions d’ici 2040 mais risque de manquer l’échéance de février pour soumettre ses engagements, en raison de pressions budgétaires et politiques.
La Chine et l’Inde, respectivement premier et troisième émetteur, sont également très attendus sur leurs futurs engagements alors que la lutte contre le réchauffement nécessite une action concertée et ambitieuse de tous les grands acteurs internationaux. Une course contre la montre est engagée pour tenter de contenir un emballement climatique aux conséquences potentiellement dévastatrices.