C’est un dossier brûlant sur la table des négociations commerciales entre la France et la Chine. Alors que Pékin brandit la menace de surtaxes sur le cognac français en réponse aux droits de douane européens sur les voitures électriques chinoises, Paris s’active en coulisses pour désamorcer la crise et protéger ce fleuron de son terroir. Mais le bras de fer s’annonce musclé.
Le cognac, otage d’une guerre commerciale
Selon les informations recueillies auprès de sources proches du dossier, les récentes décisions européennes d’imposer des taxes supplémentaires sur les véhicules électriques importés de Chine ont provoqué l’ire de Pékin. En guise de représailles, les autorités chinoises menacent désormais de surtaxer lourdement les eaux-de-vie européennes, au premier rang desquelles figure le cognac.
Un coup dur pour la filière, qui réalise près de 95% de ses exportations vers l’Empire du Milieu. Les professionnels du secteur s’estiment déjà “sacrifiés” sur l’autel de la guerre commerciale, malgré le soutien affiché du gouvernement français à Bruxelles.
La France en première ligne
Face à la montée des tensions, Paris a dépêché en urgence sa ministre déléguée au Commerce extérieur, Sophie Primas, pour une visite éclair à Shanghai. L’objectif : reprendre langue avec son homologue chinois et tenter de trouver une issue au différend.
Malgré un “discours extrêmement ferme” tenu devant les autorités chinoises, Primas a assuré que “les négociations restent clairement ouvertes”. Pour autant, Paris n’écarte pas la possibilité de riposter si Pékin venait à mettre ses menaces à exécution.
“Nous sommes prêts à prendre toutes les mesures techniques, juridiques possibles” le cas échéant, a signalé la ministre.
Course contre la montre
En attendant, une “discussion à trois” devrait prochainement s’engager entre les producteurs de cognac, l’État français et l’Union européenne pour tenter de déminer le terrain. Des échanges au plus haut niveau sont également prévus en marge du prochain sommet du G20 au Brésil, mi-novembre, tant entre chefs d’État qu’entre Premiers ministres.
Car le temps presse. Depuis mi-octobre, Pékin impose déjà aux importateurs le dépôt d’une caution auprès des douanes chinoises. Une mesure qui pourrait préfigurer l’imposition de lourdes surtaxes, de nature à bloquer purement et simplement l’accès du cognac au marché chinois.
L’ouverture comme mot d’ordre
Malgré ces vives tensions, la France ne souhaite pas jeter de l’huile sur le feu et continue de promouvoir le dialogue. En visite à Shanghai dans le cadre de la Foire internationale des importations, la ministre Sophie Primas a ainsi réaffirmé la volonté de Paris de poursuivre et d’amplifier des relations commerciales équilibrées avec Pékin.
“Nos industriels, nos agriculteurs travaillent avec la Chine depuis très très longtemps (…) Nous souhaitons que ces relations bilatérales continuent à exister et continuent à s’amplifier.”
Un message d’apaisement qui masque mal l’intensité des tractations en cours. Entre coups de bluff et menaces voilées, chaque camp affûte ses arguments, conscient que l’avenir de toute une filière pourrait se jouer dans les prochaines semaines. L’épilogue de ce bras de fer commercial au parfum de cognac est encore loin d’être écrit.