Alors que le Liban traverse une période d’instabilité politique et sécuritaire, la France réaffirme son soutien en dépêchant deux ministres de premier plan pour le passage à la nouvelle année. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, se rendront ainsi au pays du Cèdre du 28 au 31 décembre.
Renforcer la coopération militaire franco-libanaise
Au cœur de cette visite ministérielle : les questions de défense et de sécurité. Sébastien Lecornu rencontrera le général Joseph Aoun, chef d’état-major des Forces armées libanaises, pour évoquer le déploiement des militaires dans le sud du pays suite au cessez-le-feu conclu fin novembre entre Israël et le Hezbollah après deux mois d’affrontements.
Le ministre s’entretiendra également avec le général Lawandos, commandant du secteur sud du Litani côté libanais au sein du comité de surveillance de la trêve, qui rassemble le Liban, Israël, les États-Unis, la France et la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban). L’objectif : s’assurer de l’application du cessez-le-feu et prévenir toute violation.
Un réveillon solidaire avec les Casques bleus français
Après ces entretiens à haute teneur stratégique, place à un moment de convivialité et de partage. Les deux ministres se rendront au camp de la Finul à Deir Kifa pour passer le réveillon du 31 décembre avec une partie des 700 militaires français déployés au sein de la force onusienne.
Une façon de saluer leur engagement au service de la paix dans une région sous haute tension, à la frontière entre Liban et Israël. La Finul, dont la mission a débuté en 1978, vise à confirmer le retrait des forces israéliennes du sud-Liban, restaurer la paix et la sécurité internationales et assister le gouvernement libanais pour assurer le retour de son autorité effective dans la zone.
Le Liban en quête d’un nouveau président
Cette visite intervient dans un contexte politique libanais particulièrement troublé. Le pays est sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre dernier, les députés ayant échoué à plusieurs reprises à élire son successeur en raison de profondes divisions.
Selon des sources diplomatiques, le général Joseph Aoun, reçu par Sébastien Lecornu, serait d’ailleurs l’un des potentiels prétendants à la magistrature suprême, bloquée depuis plus de deux mois.
La visite de hauts responsables français en cette période est un signal politique fort, qui vise à encourager les forces libanaises à surmonter leurs clivages pour faire émerger une solution à l’impasse institutionnelle actuelle.
Un diplomate occidental à Beyrouth
La France, un partenaire indéfectible du Liban
Plus ancien allié occidental du Liban, la France n’a cessé d’afficher son soutien à ce pays meurtri par les crises à répétition, de la guerre civile (1975-1990) à l’effondrement économique et financier actuel en passant par la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020.
Paris avait organisé deux conférences internationales d’aide en 2020, levant des centaines de millions d’euros pour la reconstruction de la capitale libanaise. Emmanuel Macron s’était rendu à trois reprises au Liban cette année-là pour tenter de pousser la classe politique à entreprendre des réformes face à la colère de la rue.
Avec cette visite de fin d’année de ses ministres des Armées et des Affaires étrangères, la France entend montrer qu’elle reste aux côtés du Liban et de son peuple dans la tourmente. Un message d’amitié, de solidarité, mais aussi d’exigence face aux immenses défis qui attendent toujours le pays du Cèdre aux portes de 2023.