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Les migrants espèrent un assouplissement des restrictions frontalières

Les migrants à la frontière américaine gardent espoir malgré la victoire de Trump, qui promet la plus grande vague d'expulsions de l'histoire. Certains demandent un tri entre travailleurs honnêtes et criminels...

Leopoldo Chávez, un migrant mexicain qui attend à la frontière, espérait une victoire de Kamala Harris aux élections américaines. Déçu par le résultat, il demande maintenant à Donald Trump de bien vouloir ouvrir la porte des États-Unis aux honnêtes travailleurs, tout en refoulant les criminels.

Depuis un refuge à Ciudad Juárez, ville mexicaine limitrophe des États-Unis, ce maçon de 47 ans et d’autres migrants latino-américains ont suivi avec appréhension le scrutin qui a vu triompher le candidat républicain. Ce dernier promet en effet, pour son retour à la Maison Blanche, de mettre en œuvre « la plus grande vague d’expulsions de l’histoire » des États-Unis.

J’espérais que Kamala gagne, car comme vous le savez, c’est Trump qui nous a mis le mur.

Leopoldo Chávez, migrant mexicain

Leopoldo fait référence au mur frontalier que le milliardaire avait commencé à renforcer par endroits lors de son premier mandat présidentiel (2017-2021), le long des plus de 3000 km de frontière avec le Mexique. Malgré tout, lui et ses compagnons d’infortune veulent garder espoir.

« Nous n’avons rien contre lui, nous espérons simplement qu’il y aura des améliorations », nuance Leopoldo. Ce contremaître attend actuellement un rendez-vous, via l’application mobile CBP One mise en place sous l’administration Biden, afin de déposer une demande d’asile légale aux États-Unis. Il rêve d’un emploi outre-Rio Grande qui lui permettrait de subvenir aux besoins de sa famille, d’autant plus depuis qu’il a été blessé dans un accident du travail.

Un tri demandé entre travailleurs et criminels

Si Leopoldo ignore ce que l’avenir lui réserve sous une présidence Trump, il espère que cette dernière fera le tri entre les migrants. « Beaucoup d’entre nous vont perdre des opportunités et d’autres en auront, mais le plus important est de prêter attention aux personnes qui entrent… car il y a beaucoup de criminels organisés », souligne-t-il.

Francisco Riveros, un Péruvien de 40 ans qui a quitté son pays il y a un mois, abonde dans ce sens. Il estime que l’élection de Donald Trump est une bonne chose « pour qu’il mette de l’ordre dans le pays et dans toute l’Amérique ».

Trump a dit qu’il y aurait des améliorations, que les immigrants entreraient de manière sélective, plus de criminels, juste des travailleurs.

Francisco Riveros, migrant péruvien

Pourtant, pendant sa campagne, le républicain n’avait pas hésité à qualifier les migrants de « meurtriers » et même à affirmer qu’ils « empoisonnent le sang » des États-Unis. Il a aussi menacé le Mexique d’une hausse des tarifs douaniers si son gouvernement ne freinait pas « l’assaut de criminels et de drogues qui entrent dans notre pays ».

Le drame des Vénézuéliens

Pendant ce temps, à 3000 km plus au sud, au Guatemala, des migrants vénézuéliens en route vers les États-Unis s’inquiètent de la victoire de Donald Trump. C’est le cas de Yuliana Gamboa, 20 ans, qui vend des friandises dans les rues de la capitale guatémaltèque pour financer son périple avec son compagnon Daniel et leur fils de 2 ans.

« Lorsque nous avons appris que Trump avait gagné, c’était comme un coup de blues », confie la jeune femme, qui cherche elle aussi à passer la frontière légalement. « Mais avec ce qu’il a dit, nous ne savons pas si ce sera possible. »

Qu’on nous donne la possibilité de travailler et d’avancer. C’est ce que nous voulons.

Daniel Córdova, migrant vénézuélien

Daniel et Yuliana font partie des près de 8 millions de Vénézuéliens qui ont fui leur pays en raison de la grave crise économique et sociale. Une situation qui ne risque pas de s’arranger avec la récente réélection contestée du président Nicolás Maduro.

« La migration ne s’est jamais arrêtée »

Deimirys Leuche, une autre Vénézuélienne de 21 ans arrivée mardi au Guatemala avec 8 membres de sa famille, demande à Donald Trump de ne pas leur « fermer la porte ». « Au Venezuela, nous n’avions plus de vie », témoigne-t-elle.

La jeune femme souligne une réalité incontournable : « Les frontières ont toujours été fermées… et la migration ne s’est jamais arrêtée ». Un constat partagé par de nombreux observateurs, qui doutent que le futur locataire de la Maison Blanche, aussi déterminé soit-il, parvienne à endiguer totalement les flux migratoires.

Les migrants aux portes des États-Unis oscillent donc entre crainte et espérance face à l’avenir. Verront-ils s’ouvrir pour eux un chemin légal vers l’Eldorado américain ? Ou devront-ils renoncer à ce rêve, au risque de tout perdre ? Une chose est sûre en tout cas : la question de l’immigration s’annonce plus que jamais au cœur du prochain mandat de Donald Trump.

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