En ce mois de mai, les livraisons d’avions neufs d’Airbus ont marqué le pas, un coup de frein préoccupant pour l’avionneur européen qui tente de redécoller après la crise du Covid-19. Alors que la demande en avions repart, Airbus peine encore à remonter en cadence. Quels sont les défis auxquels fait face le géant de l’aéronautique ? Le point sur une situation complexe.
Airbus livre moins d’avions en mai, un signal d’alarme ?
Le mois dernier, Airbus a livré seulement 53 avions à ses clients, contre 61 en avril et 63 en mars. Un repli qui soulève des questions alors que l’avionneur avait annoncé vouloir augmenter significativement sa production cette année pour répondre à la reprise du trafic aérien mondial.
Ce ralentissement s’explique en partie par de nombreux jours fériés en mai, notamment en France où se trouve une des principales usines d’Airbus. Mais il est aussi le signe de difficultés persistantes pour l’avionneur à remonter en puissance après le choc du Covid.
L’ombre longue de la crise sanitaire
Pendant la pandémie, le transport aérien s’est effondré, poussant Airbus à réduire drastiquement sa production. Une décision nécessaire mais qui a eu un lourd impact sur toute la chaîne d’approvisionnement aéronautique.
Comme l’ensemble de la filière aéronautique mondiale, l’avionneur subit depuis la crise sanitaire des tensions sur les matières premières et les conséquences des difficultés de certains de ses sous-traitants.
– Un porte-parole d’Airbus
Redémarrer cette immense machine industrielle prend du temps. D’autant qu’Airbus fait face à des pénuries de main d’œuvre qualifiée et de certaines pièces. Un casse-tête pour tenir les cadences.
Les carnets de commandes bien remplis, un atout pour l’avenir
Malgré ces difficultés, Airbus peut compter sur une demande solide. Son carnet de commandes représente plus de 7000 appareils, soit environ 10 ans de production !
Les compagnies aériennes cherchent à renouveler leurs flottes avec des avions plus économes en carburant comme l’A320neo et l’A220. Mais elles doivent composer avec des délais de livraison rallongés, ce qui crée des tensions.
Le manque d’avions neufs disponibles chez Boeing et Airbus pour satisfaire la demande a constitué l’un des principaux sujets évoqués lors de l’assemblée générale de l’Association internationale du transport aérien (IATA).
– Willie Walsh, directeur général de l’IATA
Le défi de la montée en cadence
Pour répondre à cette demande, Airbus prévoit de livrer 720 avions cette année, puis 820 en 2024. Un sacré défi industriel qui nécessite d’accélérer les cadences dans les usines.
L’avionneur investit massivement pour augmenter ses capacités de production, tout en travaillant avec ses fournisseurs pour sécuriser les approvisionnements. Mais la route est encore longue pour retrouver les niveaux pré-crise.
Pas d’inquiétude à long terme
Si le ralentissement des livraisons en mai est un signal préoccupant, il ne remet pas en cause les perspectives de croissance du secteur aérien. Airbus table sur un doublement du trafic mondial d’ici 20 ans, tirée par l’essor de la classe moyenne dans les pays émergents.
Pour y répondre, l’avionneur devra livrer plus de 39 000 avions neufs sur la période, un marché colossal ! À condition de réussir sa montée en cadence industrielle. Le chemin est encore long et semé d’embûches, mais Airbus semble armé pour relever le défi.