Alors que Donald Trump s’apprête à retrouver le Bureau ovale, le Bangladesh s’interroge sur l’avenir de ses relations avec les États-Unis. Muhammad Yunus, actuel dirigeant par intérim du pays, se veut pourtant rassurant. Dans une interview accordée à un grand quotidien français, il affirme que le retour du républicain ne bouleversera pas les liens entre Washington et Dacca.
Une amitié qui dépasse les présidents
Pour Muhammad Yunus, l’amitié entre le Bangladesh et les États-Unis transcende les hommes au pouvoir. Si l’affinité avec Joe Biden était évidente, le prix Nobel de la paix 2006 estime que les relations ne changeront pas pour autant avec l’arrivée de Donald Trump.
Les États-Unis sont un allié en tant que pays. Avec l’arrivée de Donald Trump, ce lien est rompu avec Joe Biden, mais je pense que la relation entre nos deux pays ne changera pas, parce qu’il s’agit d’une relation d’État à État.
Muhammad Yunus, dirigeant par intérim du Bangladesh
Le Bangladesh souhaite maintenir de bonnes relations avec l’ensemble de ses partenaires, que ce soit la Chine, l’Inde, le Pakistan ou bien sûr les États-Unis. Pour Muhammad Yunus, l’avenir de son pays repose sur “des liens et des relations solides, non sur des querelles”.
Sortir le pays de l’ornière
Lorsqu’il a pris les rênes du Bangladesh il y a trois mois, Muhammad Yunus a hérité d’une situation économique catastrophique. Les caisses étaient vides et le pays devait rembourser les emprunts massifs contractés par le gouvernement précédent pour des mégaprojets.
Mais en quelques mois, le dirigeant par intérim a réussi à rétablir le fonctionnement du système bancaire. Les réserves de change sont désormais en hausse, signe d’un retour progressif à la normale.
Miser sur la jeunesse et l’entrepreunariat
Avec une population dont la moitié a moins de 27 ans, le Bangladesh doit impérativement offrir des perspectives à sa jeunesse. Pour Muhammad Yunus, la priorité est de transformer ces millions de jeunes en entrepreneurs plutôt qu’en demandeurs d’emploi.
Nous voulons une nation d’entrepreneurs, et non de demandeurs d’emploi. Il faut donc réformer le secteur financier pour favoriser les investissements et la création d’entreprises.
Muhammad Yunus, dirigeant par intérim du Bangladesh
Chaque jour, de nombreux jeunes arrivent sur le marché du travail bangladais. S’ils ne trouvent pas d’opportunités, Muhammad Yunus craint une nouvelle révolution. Il rappelle que ces jeunes maîtrisent les technologies et ont déjà prouvé leur capacité de mobilisation lors des manifestations qui ont contraint l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina à l’exil.
Le dirigeant par intérim veut désormais les voir utiliser ces compétences pour transformer l’économie du pays. Il promet de tout mettre en oeuvre pour “créer un environnement propice” à l’entrepreunariat et l’innovation. Le Bangladesh pourra ainsi continuer à avancer, fort de ses partenariats solides et en s’appuyant sur sa principale richesse : sa jeunesse.