Un silence de mort règne sur les ruines des villages du sud du Liban. Après des semaines d’affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne qui ont fait fuir des dizaines de milliers d’habitants, le cessez-le-feu permet enfin aux déplacés de rentrer chez eux. Mais le retour est amer. Les Libanais découvrent des paysages apocalyptiques, leurs maisons et leurs terres totalement dévastées.
Rentrer chez soi pour retrouver sa maison détruite
« Nous sommes venus respirer l’air frais de notre terre et de notre village » raconte Ali, 74 ans, pour tomber sur « une destruction totale ». Son village est « abandonné et complètement déserté (…) il n’y a nulle part où nous abriter ». Le septuagénaire a dû fuir sa maison au début du conflit en octobre 2023. Il y retourne après le retrait israélien et la trêve négociée sous médiation américaine et française. Mais impossible de s’installer : sa maison de trois étages, qu’il partageait avec ses enfants, n’est plus qu’un amas de gravats.
Autour de lui, c’est un paysage de désolation qui s’offre aux habitants de retour dans les 11 villages du sud évacués par Israël. « Ce sont les maisons de mes frères, toutes détruites » se désole Ali, le regard perdu vers le village israélien frontalier de Misgav Am, désormais silencieux.
L’armée libanaise déblaie les routes, prévient des dangers
Dès l’aube, de longues files de voitures se forment autour des villages vidés de leurs habitants depuis des semaines. Certains finissent le trajet à pied, pressés de constater l’état de leur maison. L’armée libanaise s’active pour rouvrir les routes, obstruées par les barrages de terre israéliens. Sur le bas-côté, des affiches préviennent : « Ne vous approchez pas, ne touchez pas, signalez immédiatement. » Les hostilités ont laissé derrière elles leur lot de dangers.
Mais Mohammad, un autre habitant, reste inflexible. « Nous rentrerons qu’ils le veuillent ou non, nous reviendrons malgré eux », s’exclame-t-il. Qu’importe les risques et la présence des soldats israéliens, encore là dans 5 positions conformément à l’accord de trêve.
Des dégâts inimaginables pour les habitants
Pour les habitants qui arrivent au compte-goutte, le choc est immense. Des maisons et des terres, il ne reste souvent que des ruines et des décombres. « Tout a été nivelé » se lamente Ali, en montrant ce qu’il reste de son habitation. À Aadaïssé aussi, les destructions rendent le village méconnaissable, touchant même les terres agricoles. Bilan provisoire : des milliers de morts, des dizaines de milliers de déplacés, et 100 000 maisons impactées dont 18% totalement détruites, selon la Banque mondiale.
Israël a dynamité la quasi-totalité des habitations frontalières juste après le cessez-le-feu.
Des familles attendent de retrouver les corps de leurs proches
Autre urgence pour les proches des centaines de combattants du Hezbollah tombés pendant le conflit : récupérer les corps, encore ensevelis sous les décombres. C’est le cas de Samira, venue « chercher son frère », parti combattre avec ses « camarades » à Kfar Kila. « Nous n’avons plus de nouvelles (…) nous sommes certains qu’ils sont morts en martyr » confie-t-elle, bouleversée. Les ambulances entrent au compte-goutte dans les villages. L’attente est insoutenable pour les familles.
Le sud du Liban se relève difficilement de ce conflit dévastateur, qui aura marqué durablement les esprits et les paysages. Le cessez-le-feu, s’il a mis fin aux combats, ne pourra effacer rapidement les cicatrices. Les habitants, eux, tentent de renouer avec leur terre. Reconstruire prendra du temps. Un défi immense pour ce pays en crise.