Un séisme politique. C’est ainsi que nombre d’observateurs décrivent les résultats des élections législatives anticipées qui se sont tenues en France ce dimanche. Alors que tous les sondages prédisaient une large victoire du Rassemblement national, c’est finalement le Nouveau Front Populaire, alliance des partis de gauche, qui est arrivé en tête. Mais sans obtenir de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Un paysage politique chamboulé
Avec 29% des suffrages, le NFP devance le bloc central composé des partis de gouvernement traditionnels (24%), puis le RN qui réalise un score décevant de 21%, loin des 35% espérés. Les Républicains et leurs alliés de droite complètent le tableau (14%), devant les écologistes (7%) et l’extrême-gauche (5%).
Ces résultats inattendus, fruits d’une campagne éclair, bousculent totalement le jeu politique. D’abord parce qu’aucune force n’obtient la majorité absolue des 289 sièges. Ensuite parce que ce sont les dynamiques de “fronts” et d’alliances qui ont primé sur les étiquettes partisanes traditionnelles.
Le “front républicain” a fonctionné
Face à la menace d’une victoire du RN, un vaste mouvement de désistements et de reports de voix s’est mis en place entre les deux tours. Plus de 210 candidats de gauche, du centre et de la droite se sont ainsi retirés dans des duels les opposant aux nationalistes. Une union sacrée anti-RN que certains n’hésitent pas à qualifier de “front républicain”.
Il était essentiel de tout faire pour empêcher l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. C’est une victoire pour la démocratie.
– Un député du bloc central
Ce front a permis de limiter le nombre de députés RN à 89, bien loin de la majorité. Mais il a aussi favorisé le NFP qui, fort de ses 137 élus, revendique désormais le leadership à gauche. Le bloc central sort lui aussi renforcé, avec 113 députés face à une droite traditionnelle laminée (66 sièges).
Vers une France ingouvernable ?
Mais ce paysage politique morcelé fait craindre une situation d’ingouvernabilité durable. Aucune majorité claire ne se dégage pour gouverner le pays. Des alliances seront nécessaires, mais lesquelles ?
- Le NFP peut-il s’entendre avec les écologistes et l’extrême-gauche pour former une coalition de gauche ?
- Le bloc central tentera-t-il un rapprochement avec la droite, au risque de perdre son aile gauche ?
- Verra-t-on une union nationale incluant toutes les “forces républicaines”, du NFP à LR ?
Rien n’est moins sûr tant les divergences idéologiques et programmatiques paraissent insurmontables. Les tractations s’annoncent longues et complexes pour tenter de bâtir une majorité de gouvernement viable.
Vers une crise institutionnelle ?
Si aucun accord n’est trouvé, le pays pourrait s’enfoncer dans une crise institutionnelle majeure. Certains, à gauche, réclament déjà la démission du Président considéré comme illégitime. D’autres évoquent une réforme constitutionnelle pour sortir de l’impasse, ou une nouvelle dissolution.
Une seule certitude : la France entre dans une période de forte instabilité politique. Alors que le pays doit faire face à de nombreux défis économiques et sociaux, l’absence de majorité claire risque de paralyser l’action gouvernementale pour de longs mois. Un nouveau test pour nos institutions.