Les inondations dévastatrices qui ont frappé l’Espagne le 29 octobre dernier continuent de faire des vagues. Au cœur de la tourmente : l’action du gouvernement central et de la région de Valence, accusés tour à tour de défaillances dans la gestion de cette catastrophe qui a coûté la vie à au moins 227 personnes. Un bilan humain et économique très lourd, avec un impact estimé à 0,2 point de croissance selon la Banque centrale espagnole.
La Ministre Ribera Monte au Créneau
Mercredi, la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera est intervenue devant le Congrès des députés pour défendre l’action des services de l’État dans la gestion de la crise. Saluant “le travail et le dévouement des fonctionnaires”, elle a qualifié de “profondément injustes et dangereuses” les critiques à leur encontre. Un plaidoyer vigoureux, alors que sa propre nomination comme commissaire européenne est actuellement bloquée à Bruxelles par la droite espagnole, qui exige des comptes sur cette tragédie.
Le Parti Populaire Cible Ribera
Le Parti Populaire, principale formation de droite, a en effet suspendu son soutien à la candidature de Mme Ribera, estimant qu’elle devait d’abord s’expliquer sur la gestion controversée des inondations. Une position réaffirmée mercredi par les députés du PP, jugeant la ministre “incompétente” et lui reprochant un “manque d’humanité”. De son côté, le chef du gouvernement Pedro Sánchez, en déplacement au Brésil, a dénoncé l’attitude du PP qui “porte systématiquement tous les débats nationaux à Bruxelles”.
Valence et Madrid Se Renvoient la Balle
Depuis la catastrophe, la région de Valence, dirigée par le PP, et le gouvernement central socialiste ne cessent de se rejeter mutuellement la responsabilité. En Espagne, pays très décentralisé, ce sont normalement les régions qui gèrent les situations de crise. Mais l’État peut prendre la main dans les cas extrêmes. Des sinistrés ont vivement critiqué le manque d’anticipation et de coordination des autorités.
Malheureusement, dans le nouveau scénario climatique, la prévision est que des épisodes de cette envergure cessent d’être exceptionnels et qu’ils se produisent plus fréquemment.
Teresa Ribera, ministre de la Transition écologique
Les Alertes Rouges en Question
Un autre point de friction concerne les alertes météorologiques. Le président de Valence Carlos Mazón, qui a reconnu des “erreurs”, a néanmoins minimisé la portée de l’alerte rouge émise par l’Agence météo nationale dès le matin du 29 octobre. Selon lui, ces alertes n’avaient jusqu’ici jamais été suivies d’inondations aussi graves. Un argument balayé par Teresa Ribera, pour qui il s’agissait bien de “l’avertissement le plus pertinent pour identifier les moyens de protection de la population”.
Course Contre la Montre Pour Bloquer Ribera à Bruxelles
L’enjeu pour la droite est maintenant d’empêcher la nomination de Mme Ribera à la Commission européenne. Le PP se dit prêt à assumer “toutes les conséquences” en bloquant sa candidature. Une menace prise très au sérieux par le gouvernement Sanchez, qui a besoin des voix de l’opposition pour valider ce choix. Dans ce bras de fer politique, l’ombre des inondations meurtrières d’octobre plane toujours.
Des Leçons à Tirer Pour l’Avenir
Au-delà des polémiques, Teresa Ribera a appelé à tirer les leçons de cette catastrophe alors que le changement climatique risque de multiplier ce type d’événements extrêmes. “La gravité de leur impact et le risque pour la population dépendront de notre capacité de prévention, de préparation et de gestion de l’urgence”, a-t-elle averti. Un message qui résonne douloureusement après une tragédie qui a mis en lumière les failles du système espagnol face aux catastrophes naturelles.
Cette crise laissera des traces durables, tant sur le plan humain que politique. Et pose la question de la résilience de l’Espagne face aux défis climatiques à venir. Le gouvernement, comme les régions, devra en tirer les conséquences pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.