Alors que la France se prépare fébrilement à accueillir les Jeux Olympiques de 2024, un nuage plane au-dessus de l’événement sportif planétaire. Les infirmières libérales, maillons essentiels de notre système de santé, brandissent la menace d’un refus de soigner les “touristes olympiques” si leurs revendications salariales ne sont pas entendues. Un bras de fer s’engage avec le gouvernement sur fond de crise sanitaire latente.
Le cri d’alarme des infirmières libérales
Mercredi, le Collectif infirmiers libéraux en colère (Cilec) a fait une déclaration fracassante :
Si vous voulez que les touristes soient soignés en ville pendant les Jeux olympiques, ouvrez des négociations avant que les Jeux débutent.
Collectif infirmiers libéraux en colère
Un ultimatum on ne peut plus clair adressé au gouvernement et à l’Assurance Maladie. Sans “revalorisation financière urgente”, les 140 000 infirmières et infirmiers exerçant en libéral menacent purement et simplement de ne pas prendre en charge les millions de visiteurs attendus pour la quinzaine olympique.
Une profession sous tension
Depuis plusieurs mois, la grogne monte chez les infirmières libérales. Au cœur de leurs revendications, l’absence de revalorisation tarifaire malgré l’inflation galopante et l’alourdissement continu de leurs conditions d’exercice. Visites à domicile, pansements, injections… Les actes essentiels qu’elles effectuent restent aujourd’hui sous-valorisés malgré leur importance pour maintenir l’accès aux soins partout en France.
Le manque d’attractivité de la profession se fait lourdement sentir. Selon une enquête récente, 30% des infirmières libérales envisagent un changement de métier face à la dégradation de leur situation. Un chiffre alarmant alors que certains territoires font déjà face à de graves pénuries.
Le spectre des déserts médicaux
La menace brandie par les infirmières libérales met en lumière le risque de voir se creuser encore davantage les “déserts médicaux”. Ces zones sous-dotées en professionnels de santé où obtenir une simple consultation relève parfois du parcours du combattant. Dans ce contexte, les infirmières jouent un rôle crucial de premier recours.
Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière, souligne l’urgence de la situation :
Aujourd’hui, la Cnam peut encore agir pour empêcher la formation de déserts infirmiers, mais demain il sera peut-être trop tard.
Ghislaine Sicre, Convergence Infirmière
Avec l’afflux massif de touristes attendu pour les JO, la question de l’accès aux soins pourrait rapidement devenir explosive si rien n’est fait.
Quelle réponse du gouvernement ?
Face à cet appel pressant, les autorités temporisent. Si des négociations tarifaires sont envisagées, elles ne devraient pas intervenir avant fin 2023 selon le gouvernement. Trop tard et trop flou pour les organisations représentatives qui réclament des engagements fermes et rapides.
Un bras de fer semble se profiler alors qu’une réforme plus globale du métier d’infirmière est aussi dans les tuyaux. Baptisée “réingénierie”, elle doit moderniser la profession et définir de nouveaux actes comme la consultation infirmière. Mais son contenu concret se fait attendre, laissant planer le doute.
JO 2024 : des enjeux sanitaires cruciaux
Au-delà de l’aspect sportif et festif, l’organisation des Jeux Olympiques comporte aussi d’importants enjeux sanitaires. Avec plus de 10 millions de visiteurs espérés, la question de la prise en charge médicale sera centrale pour assurer le succès et la sérénité de l’événement.
D’autant que Paris 2024 sera une vitrine internationale où la France jouera sa réputation et son image. Des touristes délaissés ou des soins dégradés en raison d’un mouvement social pourraient sérieusement ternir la fête.
Le compte à rebours est lancé. Il reste un peu plus d’un an au gouvernement pour trouver un terrain d’entente avec des infirmières libérales déterminées à défendre leur avenir. L’aiguille tourne pendant que des millions de Français attendent des actes concrets pour renforcer l’accès aux soins partout. Paris 2024 pourrait être un formidable accélérateur de réformes. Ou au contraire un rendez-vous manqué si le dialogue ne s’installe pas. Les prochains mois s’annoncent décisifs.
