ActualitésInternational

Les Iles Du Pacifique Luttent Pour La Décarbonation Maritime

Les îles du Pacifique plaident pour une taxe carbone sur le transport maritime, y voyant une question de survie face à la montée des eaux et autres menaces climatiques. Mais des divergences subsistent sur le montant du prélèvement et certains pays s'y opposent, craignant une hausse des prix...

Les petits États insulaires du Pacifique mènent actuellement un combat crucial pour leur survie lors des négociations sur la décarbonation du transport maritime qui se déroulent cette semaine à Londres au siège de l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Au cœur des débats : la création d’une taxe carbone sur le fret des navires, une mesure jugée indispensable par ces nations particulièrement vulnérables face aux impacts dévastateurs du changement climatique.

Une coalition grandissante pour la taxe carbone

D’après un représentant de l’archipel de Tuvalu à l’OMI, ils font désormais partie d’un groupe d’une cinquantaine de pays favorables à l’instauration d’un prélèvement carbone, et ce nombre ne cesse de croître. Un soutien de taille pour Tuvalu, dont l’existence même est menacée par la montée inexorable du niveau de la mer. Sans une action rapide, cet état polynésien pourrait bien disparaître sous les flots d’ici quelques décennies.

Réduire les émissions et aider les plus vulnérables

L’objectif premier d’une telle taxe serait d’inciter les compagnies maritimes à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais au-delà de cet aspect, les fonds récoltés permettraient aussi de venir en aide aux nations les plus exposées aux conséquences du réchauffement, comme l’explique un délégué des Îles Salomon. Sans ce soutien financier, beaucoup craignent d’être laissés pour compte dans la nécessaire transition environnementale du secteur.

L’OMI sous pression pour agir vite

Si l’OMI s’est engagée à adopter des normes contraignantes pour réduire les émissions du transport maritime, la forme exacte que prendront ces mesures reste encore à déterminer. La pression monte en tout cas pour que des décisions ambitieuses soient prises dès la prochaine réunion du Comité de protection du milieu marin en avril. Mais des divergences persistent entre les partisans de la taxe carbone et ses opposants.

Le clivage entre pays riches et pays en développement

Le Brésil, la Chine et d’autres nations émergentes se montrent réticentes face à ce projet de prélèvement, redoutant qu’il n’entraîne une inflation des prix des marchandises transportées et n’aggrave l’insécurité alimentaire. À l’inverse, l’Union Européenne soutient l’idée d’une taxation significative, à hauteur de 100$ par tonne de CO2. Les îles du Pacifique, elles, jugent qu’un montant d’au moins 150$ serait nécessaire pour financer efficacement la transition.

Selon des chercheurs spécialisés, une tarification à partir de 150 dollars par tonne pourrait générer des revenus suffisants pour soutenir la transition énergétique et assurer une transition juste et équitable pour les communautés concernées.

Dans ce bras de fer diplomatique, la position des États-Unis, qui ne se sont pas encore prononcés, sera déterminante et très attendue. En attendant, les représentants insulaires du Pacifique maintiennent la pression, martelant qu’il en va de la survie à long terme de leurs territoires et de leurs populations.

Des conséquences climatiques déjà dévastatrices

Car les effets du changement climatique se font déjà durement ressentir dans cette région, comme le souligne avec émotion le délégué de Vanuatu. Outre la montée du niveau de la mer qui grignote inexorablement leurs côtes, ces îles sont confrontées à l’intensification de phénomènes météorologiques extrêmes comme les cyclones, ainsi qu’à des dégâts causés par l’intrusion d’eau salée dans les cultures.

Pour beaucoup d’habitants, l’avenir s’annonce sombre si des mesures radicales ne sont pas prises rapidement pour freiner le réchauffement. La décarbonation du transport maritime, qui représente près de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, constitue un levier d’action majeur. Mais le temps presse, et il faudra plus que des déclarations d’intention pour sauver ces nations insulaires en première ligne de la crise climatique.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.