Alors qu’une trêve fragile est entrée en vigueur dimanche dans la bande de Gaza après des affrontements meurtriers entre Israël et le Hamas, les rebelles Houthis du Yémen ont tenu à mettre en garde leurs ennemis. Soutenus par l’Iran, ils contrôlent de larges pans du territoire yéménite dont la capitale Sanaa, et n’hésiteront pas à riposter en cas d’attaque pendant cette période de cessez-le-feu.
Menace de représailles militaires « précises »
Dans un communiqué relayé sur le réseau social X (ex-Twitter), les Houthis ont clairement averti les forces qui leur sont opposées en mer Rouge des « conséquences » qu’aurait toute agression contre le Yémen durant la trêve à Gaza. Ils promettent d’y « faire face par des opérations militaires précises », sans aucune « ligne rouge ».
Le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, avait déjà menacé jeudi dernier de poursuivre les attaques contre Israël en cas de non-respect de l’accord de cessez-le-feu. La première phase de cette trêve doit durer 42 jours.
Revendication d’attaques en mer Rouge
Parallèlement à ces mises en garde, les Houthis affirment avoir mené dimanche des attaques contre plusieurs navires de guerre en mer Rouge, dont le porte-avions américain USS Harry S. Truman. Ils auraient utilisé des drones et des missiles de croisière, contraignant le bâtiment américain à « quitter le théâtre des opérations ». Une information non confirmée par Washington.
Depuis novembre dernier, les rebelles yéménites ciblent régulièrement des navires qu’ils estiment liés à Israël au large du Yémen. Ils disent agir ainsi en solidarité avec les Palestiniens dans le contexte du conflit à Gaza. Ces attaques perturbent fortement le trafic maritime dans cette zone stratégique pour le commerce mondial.
Escalade des tensions malgré les frappes américaines
Face à cette situation, les États-Unis ont mis en place une coalition navale multinationale et mènent des frappes contre des cibles Houthis au Yémen, parfois épaulés par le Royaume-Uni. Mais malgré cette pression militaire, rien n’indique pour l’instant que les rebelles pro-iraniens comptent cesser leurs tirs de missiles et de drones contre des objectifs américains ou occidentaux dans la région.
Selon certaines informations, les Houthis menaceraient même de s’en prendre aux câbles de communication sous-marins des pays occidentaux qui passent en mer Rouge. Une escalade qui fait craindre un embrasement plus large du conflit yéménite et de ses répercussions régionales, sur fond de rivalité entre l’Iran et les États-Unis.
Une trêve à Gaza sous haute tension
L’avertissement des Houthis intervient alors que la trêve à Gaza, négociée par l’Égypte, semble des plus précaires après les violents combats des derniers jours entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens, notamment le Hamas et le Jihad islamique. Le calme est revenu mais la méfiance demeure entre les belligérants.
Dans ce climat d’extrême tension, la menace brandie par les rebelles yéménites illustre les défis pour parvenir à une désescalade durable des violences au Proche-Orient. Entre Gaza, le Yémen et les crises régionales, les dynamiques conflictuelles restent imbriquées et chaque soubresaut fait redouter un nouvel embrasement.
Un conflit yéménite enlisé
Malgré les efforts diplomatiques et les interventions militaires, le conflit au Yémen semble malheureusement parti pour durer. Déclenchée en 2014, cette guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, plongeant le pays dans une catastrophe humanitaire.
Soutenus par l’Iran, leur parrain régional, les Houthis contrôlent toujours la majorité du nord et de l’ouest du Yémen, tandis que le gouvernement reconnu par la communauté internationale s’appuie sur une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. Un face-à-face qui semble pour l’heure dans l’impasse, sur fond de rivalités géopolitiques.
Dans ce contexte, la posture offensive des rebelles en mer Rouge montre leur détermination à peser militairement et à élargir la confrontation au-delà des frontières du Yémen. Une stratégie dangereuse qui expose la région à de nouvelles escalades et complique encore la recherche d’une solution politique au conflit yéménite.