Deux mois et demi. C’est le temps qu’il aura fallu au président Emmanuel Macron, depuis les élections législatives, pour mettre sur pied le nouveau gouvernement mené par Michel Barnier. Un casse-tête pour le chef de l’État, confronté à une Assemblée nationale morcelée où aucun bloc ne dispose de la majorité absolue. La solution ? Unir les forces de son camp et de la droite pour surpasser en nombre les députés de gauche.
Une coalition reflétée dans la composition du gouvernement
Cette forme de coalition se retrouve dans les grands équilibres de l’équipe de 39 ministres et secrétaires d’État dévoilée samedi soir. Si le contingent Renaissance à l’Assemblée est réduit à 163 sièges, le camp présidentiel n’en reste pas moins surreprésenté au gouvernement :
- 12 ministres étiquetés Renaissance, le parti présidentiel
- 3 ministres du MoDem de François Bayrou
- 2 ministres Horizons, le mouvement d’Édouard Philippe
Soit un bon tiers des membres du gouvernement Barnier plus ou moins alignés sur la ligne du président. Un signe qu’Emmanuel Macron garde la main, son parti décrochant le plus grand nombre de ministères de plein exercice (7), mais aussi de ministres auprès du Premier ministre (3), délégués et secrétaires d’État (2).
Le retour en force de la droite
Autre enseignement de ce remaniement : Les Républicains, parti dont est issu Michel Barnier, font leur grand retour au pouvoir. La droite obtient ainsi :
- 3 ministres de plein exercice
- 2 ministres auprès du Premier ministre
- 5 ministres délégués et secrétaires d’État
Soit un total de 10 postes, du jamais vu pour LR depuis la fin du quinquennat Sarkozy en 2012. Sans compter la présence de 4 personnalités divers droite qui viennent définitivement ancrer la couleur politique de ce nouveau gouvernement.
Des profils issus de divers horizons
Pour compléter ce casting, des ministres issus de diverses familles politiques, signe de l’ouverture voulue par le couple exécutif dans ce contexte si particulier :
- 2 ministres Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires)
- 2 ministres UDI (Union des démocrates et indépendants)
- 2 ministres “experts”, sans étiquette politique
- 1 ministre divers gauche
Le nouveau gouvernement reflète clairement la volonté d’Emmanuel Macron de s’appuyer sur sa famille politique et la droite pour gouverner, tout en s’ouvrant ponctuellement à d’autres sensibilités.
Un proche du président
Un casting appelé à évoluer ?
Ce gouvernement Barnier aura fort à faire dès lundi avec son premier Conseil des ministres, avant un automne à haut risque marqué par le budget 2024 et de probables motions de censure. Des moments de vérité pour cette équipe atypique qui devra convaincre une Assemblée nationale plus fracturée que jamais.
Quitte à devoir modifier sa composition en cours de route en cas de majorité trop friable ? C’est tout le défi de ce pari politique inédit. Les prochaines semaines nous diront si Emmanuel Macron et Michel Barnier ont visé juste en misant sur cet équilibre subtil entre centre droit et droite. Une chose est sûre, les oppositions n’ont pas dit leur dernier mot.
Les Français, eux, attendent de ce gouvernement qu’il se mette rapidement au travail pour répondre à leurs préoccupations de pouvoir d’achat, d’emploi, de transition écologique ou encore de sécurité. Autant de sujets brûlants qui ne laisseront que peu de temps à Michel Barnier et ses ministres pour trouver leurs marques. La rentrée s’annonce d’ores et déjà sous haute tension.