Alors que l’actualité bat son plein en cette année 2025, les Français s’intéressent de près aux informations mais s’alarment dans le même temps d’une perte de confiance envers les médias traditionnels. Selon un sondage exclusif, la progression des fake news et l’influence grandissante de l’intelligence artificielle dans le traitement de l’information inquiètent une majorité de citoyens.
Les Français plus que jamais férus d’actualité
D’après la 38ème édition du Baromètre La Croix-Verian-La Poste sur la confiance des Français dans les médias, 76% d’entre eux affirment suivre l’actualité avec un grand intérêt, soit une progression d’un point par rapport à 2024. Cette soif d’informations atteint même des sommets chez un tiers des sondés (33%) qui témoignent d’un « très grand intérêt » pour les évènements en France et à l’international, contre seulement 28% l’année précédente.
Une confiance qui s’érode face aux fake news
Paradoxalement, cet attrait pour l’actualité s’accompagne d’une méfiance accrue envers les médias. Ainsi, 62% des Français estiment « qu’il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité », un chiffre en hausse de 5 points sur un an. Principal facteur avancé : le sentiment d’une multiplication des fausses informations, y compris dans les médias traditionnels.
- Plus de la moitié des sondés déplorent être confrontés à plusieurs fake news par semaine sur les réseaux sociaux (+4 points)
- 45% considèrent que la désinformation progresse aussi à la télévision (+9 points)
- 35% ont le même ressenti concernant la presse écrite (+6 points)
L’IA suscite la méfiance plus que l’espoir
L’utilisation croissante de l’intelligence artificielle dans le traitement et la diffusion de l’information est également pointée du doigt. Seuls 29% des personnes interrogées pensent que cette technologie permettra d’améliorer la qualité des informations fournies par les médias. À l’inverse, ils sont 37% à craindre que l’IA ne favorise « les manipulations dans les informations diffusées ».
L’intelligence artificielle soulève plus d’inquiétudes que d’espoirs chez les Français quant à son impact sur la véracité et la qualité de l’information.
Analyse un expert des médias
La télévision résiste, les médias publics plébiscités
Malgré cette perte de confiance, la télévision reste le média préféré des Français pour suivre l’actualité. 76% d’entre eux la regardent quotidiennement dans ce but, loin devant la presse et les réseaux sociaux (46% chacun). Les journaux télévisés font d’ailleurs preuve d’une étonnante résilience avec 90% des sondés qui les visionnent pour s’informer.
Autre enseignement important du baromètre : les citoyens font davantage confiance aux médias publics qu’aux médias privés en termes d’indépendance et de pluralisme. Ils sont 56% à penser que l’existence de France Télévisions ou Radio France est une bonne chose, contre seulement 37% jugeant bénéfique la détention de groupes de presse par de grands groupes privés.
L’Arcom approuvée, la liberté d’expression défendue
Dans ce contexte de défiance, les Français se montrent favorables à une régulation accrue des médias. Ils sont ainsi 57% à approuver que l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) sanctionne les chaînes de télévision ou de radio qui « diffusent ou laissent diffuser de fausses informations ».
Pour autant, une majorité de sondés (53%) estime qu’il faut continuer à garantir la liberté d’expression et le droit à la caricature, même si cela peut heurter certaines sensibilités, plutôt que de la limiter au nom du respect des individus. Un attachement à la liberté de ton que défendent massivement les journalistes, de plus en plus nombreux à assumer des prises de position dans leurs commentaires ou analyses.
Les raisons d’une crise de confiance durable
Au-delà de la problématique des infox et de l’IA, comment expliquer cette perte de confiance persistante des Français envers les médias ? D’après les experts, plusieurs facteurs entrent en jeu :
- La rapidité du flux d’informations à l’ère du numérique, qui rend plus difficile la vérification des faits et favorise la propagation de rumeurs
- La concentration des médias aux mains de quelques grands groupes industriels, soupçonnés de faire primer leurs intérêts sur l’exigence d’objectivité journalistique
- La montée des discours populistes qui instillent le doute et attisent la défiance envers les « médias du système »
- Un manque de pédagogie et de transparence des rédactions sur leurs méthodes de travail et les contraintes auxquelles elles font face
Face à ces défis, beaucoup en appellent à une meilleure éducation aux médias pour aider les citoyens à démêler le vrai du faux. D’autres prônent un financement pérenne et renforcé des médias publics, garants d’une information fiable et de qualité accessible au plus grand nombre. Une chose est sûre : à l’heure des fake news, de l’IA et des réseaux sociaux, la question de la confiance dans les médias s’annonce comme l’un des enjeux majeurs des années à venir pour notre démocratie.
