En ces temps économiques incertains, les Français semblent de plus en plus préoccupés par l’état des finances publiques du pays. C’est ce que révèle un récent sondage Odoxa pour AGIPI, Challenges et BFM Business. Près de 6 personnes interrogées sur 10 estiment aujourd’hui que la lutte contre les déficits et la dépense publique doit être une priorité nationale, soit une hausse significative de 7 points en seulement un an.
Une prise de conscience collective
Ce changement de perception intervient dans un contexte particulier, quelques jours seulement après la dégradation de la note de la France par l’agence de notation financière Standard & Poor’s. Un signal fort qui semble avoir trouvé un écho auprès de la population. Selon le baromètre, deux tiers des Français (67%) sont désormais convaincus qu’une réduction du déficit et de la dette serait bénéfique pour l’économie du pays.
Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Sans surprise, ce sont les sympathisants des partis de droite et d’extrême-droite qui se montrent les plus favorables à un rétablissement des comptes publics. Ainsi, 75% des électeurs Les Républicains et 70% de ceux du Rassemblement National jugent cet objectif prioritaire, contre seulement 55% à la France Insoumise et 46% chez Renaissance, le parti présidentiel.
Réduire les aides sociales et les fonctionnaires
Mais concrètement, quels sacrifices les Français sont-ils prêts à consentir pour assainir les finances de l’État ? Deux pistes se dégagent nettement. D’abord, une réduction des aides sociales, plébiscitée par 59% des sondés, en hausse de 7 points sur un an. Ensuite, une diminution des effectifs de la fonction publique, souhaitée par 57% des personnes interrogées (+3 points).
Là encore, ces mesures font l’objet d’un consensus beaucoup plus large à droite de l’échiquier politique. Elles sont soutenues par 78% des sympathisants LR, 74% du RN et 69% de ceux de la majorité présidentielle. À l’inverse, seule une minorité des Français (49%) serait favorable à une réduction des aides aux entreprises.
L’autre son de cloche
Malgré cette prise de conscience, 4 Français sur 10 continuent de penser qu’une augmentation de la dépense publique serait au contraire bénéfique à l’économie nationale. Un chiffre en baisse de 8 points en un an. De même, ils ne sont plus que 18% (+4 points) à juger qu’une hausse généralisée des impôts et taxes pourrait être une solution pour renflouer les caisses de l’État.
Une défiance envers les partis politiques
Au-delà du diagnostic, les Français se montrent très pessimistes quant à la capacité des différentes forces politiques à s’attaquer réellement au problème de la dette et des déficits. C’est au Rassemblement National que les électeurs accordent le plus leur confiance sur ce sujet (33%), devant le Parti Socialiste et Les Républicains (25% chacun). La majorité présidentielle (22%), les écologistes (20%) et la France Insoumise (17%) ferment la marche.
Chaque Français dispose de plus d’un mois de revenu supplémentaire grâce aux déficits publics.
– Jean-Pierre Robin, chroniqueur au Figaro
Ces chiffres illustrent le défi qui attend le gouvernement et l’ensemble de la classe politique pour restaurer la crédibilité de la France sur le plan budgétaire et économique. Car si les Français semblent avoir pris conscience de l’urgence de la situation, ils doutent encore de la volonté et de la capacité de leurs dirigeants à prendre les mesures qui s’imposent. Un scepticisme qui pourrait peser lourd dans les prochaines échéances électorales.