Alors que le gouvernement s’apprête à présenter un nouveau projet de loi sur l’immigration début 2025, un sondage exclusif révèle que les Français sont très largement favorables à cette initiative. Selon cette enquête Odoxa-Backbone Consulting pour un grand média national, plus de 7 Français sur 10 jugent ce texte “nécessaire” pour améliorer la situation.
Une adhésion massive au projet, y compris chez les macronistes
Malgré les critiques de certains membres du gouvernement comme Gabriel Attal, qui ne voit pas ce projet comme “prioritaire”, le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau peut compter sur un soutien de poids dans l’opinion. D’après le sondage, sa volonté d’un nouveau tour de vis est approuvée par 75% des sympathisants du parti présidentiel Renaissance.
Si les Français ne sont pas dupes sur les motivations électoralistes derrière ce projet, destiné à séduire une partie de l’électorat de droite et d’extrême-droite, ils semblent néanmoins en phase avec le fond du texte. Les principales mesures envisagées, issues des propositions historiques de la droite sénatoriale, reçoivent un large assentiment.
Un consensus sur les mesures phares
Parmi les dispositions les plus populaires du projet de loi, on retrouve:
- La réduction des délais de traitement des demandes d’asile (82% d’approbation)
- Le renforcement des contrôles aux frontières (76%)
- Des quotas d’immigration professionnelle par secteur (74%)
- La possibilité d’expulser un étranger représentant une menace grave (89%)
Seule la proposition de conditionner certaines prestations sociales à 5 années de résidence régulière divise davantage, même si elle reste majoritaire (62%). Des voix, y compris dans la majorité, s’inquiètent d’une potentielle remise en cause du modèle social français.
L’immigration, un sujet clivant mais prioritaire
Si le sujet de l’immigration continue de diviser fortement les Français en fonction de leur positionnement politique, une nette majorité s’accorde sur l’importance d’agir. Ainsi, 61% des personnes interrogées estiment que la politique migratoire sera un enjeu décisif pour la prochaine élection présidentielle.
Face à une pression migratoire qui ne faiblit pas et des demandes d’asile en hausse constante ces dernières années, les pouvoirs publics semblent contraints d’apporter des réponses. Comme le souligne un proche du dossier :
Il ne s’agit pas de fermer les frontières, mais de reprendre le contrôle des flux et de lutter plus efficacement contre les abus et les détournements de procédure. C’est une attente forte des Français, au-delà des clivages partisans.
Un pari risqué pour le gouvernement ?
Si l’exécutif semble avoir pris la mesure de cette exigence citoyenne, il n’en prend pas moins un risque en relançant le débat sur un sujet aussi inflammable à moins de deux ans de l’échéance présidentielle. La tentation sera grande pour l’opposition de dénoncer un texte “laxiste” ou “inefficace” pendant les futurs débats parlementaires.
Bruno Retailleau devra donc convaincre qu’il ne s’agit pas d’une simple posture politicienne, mais bien d’une réforme ambitieuse et équilibrée. Un défi d’autant plus ardu que son prédécesseur Gérald Darmanin avait déjà fait voter une loi sur le sujet il y a quelques mois, sans parvenir à faire taire les critiques.
L’épreuve de vérité aura lieu dès le premier semestre 2025 avec la présentation du texte au parlement. D’ici là, le gouvernement espère avoir réussi son pari : rassurer l’opinion publique avec un discours à la fois ferme et mesuré. Les résultats du sondage semblent montrer qu’il est sur la bonne voie. Mais le chemin vers une réforme consensuelle et efficace de l’immigration s’annonce encore long et semé d’embûches.