Le débat sur le temps de travail des Français est relancé. Alors que le pays est fier de son modèle social généreux, une question brûlante revient sur le devant de la scène : les Français travaillent-ils suffisamment pour financer ce système tant apprécié mais coûteux ? Une récente étude de l’institut Rexecode apporte de nouveaux éléments pour alimenter cette controverse de longue date.
Un constat sans appel : les Français à la traîne en Europe
Selon les données de Rexecode, la durée effective annuelle moyenne de travail des salariés à temps complet demeure en France l’une des plus faibles des pays de l’Union européenne. En 2023, ces salariés ont passé en moyenne 1673 heures à leur poste, soit 120 heures de moins que la moyenne de leurs homologues européens. L’écart atteint même près de 3 semaines avec l’Allemagne !
Ce différentiel s’explique en grande partie par les lois Aubry sur les 35 heures, entrées en vigueur en 2000. Depuis, le temps de travail annuel moyen en France n’a cessé de décroître, passant sous la barre symbolique des 1700 heures. Seules la Suède et la Finlande affichent moins d’heures travaillées, mais ces pays nordiques bénéficient en contrepartie de taux d’emploi records.
Un modèle social généreux mais déficitaire
Le « modèle social à la française », avec sa large couverture santé, son système de retraite et ses nombreux avantages sociaux, a un coût. Selon une source proche du dossier, même avec la très contestée réforme des retraites, le régime serait dans le rouge de près de 6 milliards d’euros en 2024 d’après les projections du Conseil d’orientation des retraites. Le déficit de la Sécurité sociale, lui, frôlerait les 10 milliards.
Il faut se rendre à l’évidence : notre niveau actuel de travail ne permet plus de financer notre protection sociale si appréciée.
Un expert en économie
Face à cette situation préoccupante, deux options s’offrent à la France : réduire le niveau de protection, option difficile à faire accepter socialement, ou travailler davantage pour augmenter les cotisations. C’est ce dernier choix que semblent privilégier de plus en plus d’économistes, à contre-courant de la tendance à la réduction du temps de travail observée dans d’autres pays européens.
Travail et compétitivité : un équilibre délicat
Mais attention, préviennent certains experts. Augmenter le temps de travail ne doit pas se faire au détriment de la productivité et de la compétitivité des entreprises françaises. Déjà handicapées par un coût du travail élevé, elles pourraient voir leur situation se dégrader face à leurs concurrents étrangers.
Il s’agira donc de trouver le juste équilibre entre financement de notre modèle social et maintien de l’attractivité économique du pays. Un véritable casse-tête qui promet de tendues négociations entre gouvernement, syndicats et patronat dans les mois à venir.
Une chose est sûre : le statu quo ne semble plus tenable. Sans réforme d’ampleur, c’est la pérennité même de notre système de protection sociale qui pourrait être remise en cause. Les Français sont-ils prêts à travailler plus pour préserver ce modèle auquel ils sont tant attachés ? Le débat ne fait que commencer, mais il s’annonce d’ores et déjà houleux…