Les relations économiques entre les États-Unis et la Chine traversent une période de turbulences. Lors d’une rencontre bilatérale en Afrique du Sud, Washington a une nouvelle fois fait part de ses préoccupations quant aux pratiques commerciales jugées « non concurrentielles » de Pékin et à la surproduction chinoise qui pèse sur les entreprises et les emplois américains.
Des inquiétudes renouvelées malgré les tentatives de dialogue
Selon un communiqué du département du Trésor américain publié lundi, les représentants des États-Unis ont clairement exprimé leurs griefs lors d’une rencontre jeudi dernier à Johannesbourg entre Jay Shambaugh, sous-secrétaire au Trésor en charge des Affaires internationales, et son homologue chinois Liao Min. Cette réunion s’est tenue en marge d’une rencontre des ministres adjoints des Finances des pays du G20.
Malgré la mise en place fin 2023 de deux groupes de travail, l’un sur la politique économique, l’autre sur la politique financière, dans le but de renouer le dialogue après la visite de Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, à Pékin, les tensions persistent. Washington pointe du doigt non seulement les pratiques commerciales déloyales de la Chine, mais aussi son soutien présumé à l’effort de guerre russe en Ukraine.
Une guerre commerciale qui s’enlise
Depuis le premier mandat de Donald Trump, les relations économiques et commerciales sino-américaines se sont considérablement dégradées. Son successeur Joe Biden n’est pas parvenu à apaiser durablement les tensions, qui pourraient même s’exacerber avec le retour annoncé du milliardaire républicain à la Maison Blanche en janvier prochain.
Trump a d’ores et déjà promis une hausse des droits de douane sur les produits chinois, mais aussi canadiens et mexicains, comme première mesure économique de son nouveau mandat. Il met en avant les inquiétudes liées à l’afflux illégal de fentanyl vers les États-Unis, accusant Pékin de passivité face à ce fléau.
La Chine dans le collimateur pour sa surproduction
Au cœur des griefs américains figure la surproduction industrielle chinoise, qui inonde les marchés mondiaux et met en péril les entreprises et les emplois aux États-Unis et ailleurs. Washington accuse régulièrement Pékin de subventionner massivement ses industries, faussant ainsi la concurrence.
Les pratiques commerciales de la Chine créent des distorsions sur les marchés et pénalisent les entreprises qui jouent selon les règles.
Un responsable américain
Les autorités chinoises réfutent ces accusations, arguant que leur politique industrielle vise à soutenir l’économie nationale et à assurer la stabilité sociale du pays le plus peuplé du monde. Elles dénoncent en retour le protectionnisme américain et les entraves aux investissements chinois aux États-Unis.
Un avenir incertain pour les relations économiques sino-américaines
Malgré quelques timides avancées, comme la récente visite à Pékin de Janet Yellen ou la tenue de réunions bilatérales, les perspectives d’apaisement durable des tensions commerciales entre les deux premières économies mondiales restent minces. Les divergences sont profondes et les enjeux considérables, tant sur le plan économique que géopolitique.
À l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2024, la fermeté vis-à-vis de la Chine apparaît comme un thème porteur pour les candidats, démocrates comme républicains. Le prochain locataire de la Maison Blanche, qu’il s’agisse de Joe Biden ou de Donald Trump, devra jongler entre la défense des intérêts économiques américains et la nécessité de maintenir un dialogue constructif avec Pékin.
De son côté, la Chine entend bien défendre son modèle économique et ses ambitions de puissance, tout en œuvrant à la diversification de ses partenariats commerciaux pour réduire sa dépendance envers le marché américain. L’avenir des relations économiques entre les deux géants s’annonce donc incertain et mouvementé, au gré des changements politiques et des rapports de force sur la scène internationale.
