Alors que l’attention mondiale était focalisée sur les bouleversements en Syrie, les États-Unis ont discrètement renforcé leur présence militaire dans le pays. Selon des révélations récentes du Pentagone, Washington aurait doublé le nombre de ses soldats sur le terrain syrien au cours des derniers mois, portant les effectifs à environ 2000 hommes.
Officiellement, cette augmentation significative des troupes américaines s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le groupe terroriste État islamique (EI). Les États-Unis, qui mènent des opérations anti-EI en Syrie et en Irak depuis plusieurs années, affirment vouloir maintenir la pression sur les djihadistes pour éviter leur résurgence.
Un timing qui soulève des questions
Cependant, le timing de ce renforcement militaire américain interroge. Il intervient alors que la Syrie traverse une période de profonds bouleversements, avec la chute soudaine du régime de Bachar el-Assad début décembre. Les rebelles anti-Assad contrôlent désormais l’essentiel du pays après une offensive éclair qui leur a permis de s’emparer de Damas.
Coïncidence troublante, les États-Unis ont intensifié leurs frappes aériennes en Syrie juste après la chute du gouvernement Assad, visant des zones auparavant protégées par les défenses aériennes syriennes et russes. Washington a mené des dizaines de bombardements le jour même de la prise de Damas par les rebelles, affirmant avoir visé « plus de 75 cibles de l’EI ».
Le spectre d’une « mission temporaire » qui s’éternise
Le Pentagone assure que les 2000 soldats américains actuellement déployés en Syrie constituent une « force temporaire » censée soutenir la mission anti-EI. Mais nombre d’observateurs craignent qu’une fois le pied dans la porte, les troupes US ne s’éternisent, comme ce fut le cas dans d’autres pays.
Les effectifs supplémentaires sont considérés comme des forces temporaires pour soutenir la mission contre l’EI et les forces déployées à plus long terme.
Le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder
Washington multiplie les raids et les frappes en Syrie, affirmant vouloir empêcher une résurgence de l’EI à la faveur du chaos. Lundi, l’armée américaine annonçait avoir tué 12 membres du groupe djihadiste lors de bombardements dans les ex-zones contrôlées par le régime Assad.
Des intentions américaines qui restent floues
Si la lutte contre l’EI sert de justification officielle, les véritables objectifs de Washington en Syrie demeurent opaques. Le renversement express du régime Assad, assez inattendu, a rebattu les cartes et semble avoir pris de court la diplomatie américaine.
En doublant ses troupes sur un terrain aussi mouvant, incertain et potentiellement explosif que la Syrie actuelle, l’administration Biden joue à quitte ou double. Beaucoup s’interrogent sur le véritable agenda des États-Unis : s’agit-il uniquement de finir le travail contre l’EI ou de tenter d’influer sur le cours des événements en Syrie dans une phase aussi critique ?
Seule certitude, avec 2000 soldats sur place et une implication militaire accrue, Washington a clairement décidé de muscler son jeu en Syrie et entend peser dans l’évolution de la situation. Mais jusqu’où les États-Unis sont-ils prêts à aller et pour quels objectifs réels ? L’avenir nous le dira, mais le flou actuel ne manquera pas d’alimenter les supputations et les craintes de voir l’interventionnisme américain déraper une nouvelle fois.