ActualitésInternational

Les États-Unis bannissent l’antivirus russe Kaspersky

Un coup dur pour Kaspersky. Les États-Unis bannissent le célèbre antivirus russe, craignant qu'il ne serve d'outil d'espionnage au Kremlin. Cette interdiction soulève des questions sur la confiance dans les technologies étrangères à l'heure des tensions géopolitiques croissantes...

C’est une nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans l’univers de la cybersécurité. Les États-Unis viennent de bannir purement et simplement l’utilisation de l’antivirus russe Kaspersky sur leur territoire, mais aussi pour tous les citoyens américains résidant à l’étranger. Une décision radicale motivée par la crainte que ce logiciel, utilisé par des millions de personnes dans le monde, ne serve en réalité d’outil d’espionnage au profit du Kremlin.

Kaspersky dans le collimateur de Washington

Déjà en 2017, les agences fédérales américaines s’étaient vu interdire l’utilisation de Kaspersky. Mais cette fois, le gouvernement va beaucoup plus loin en étendant cette prohibition à l’ensemble du territoire et des ressortissants américains. Selon le département du Commerce, Kaspersky représente une menace pour la sécurité nationale en raison de ses liens présumés avec les services de renseignement russes.

La Russie a montré à maintes reprises qu’elle avait la capacité et l’intention d’exploiter des entreprises russes, telles que Kaspersky Lab, pour collecter et exploiter des informations américaines sensibles.

– Gina Raimondo, Secrétaire américaine au Commerce

Pour Moscou, il s’agit d’une mesure “russophobe” et “anticoncurrentielle” visant à favoriser les éditeurs de sécurité américains. Mais Washington assure que cette décision est vitale pour protéger les données personnelles et la vie privée des Américains, potentiellement exposées à la curiosité des services secrets russes via les outils de Kaspersky.

Des millions d’utilisateurs concernés

Fondé en 1997, Kaspersky Lab est devenu un géant mondial de la cybersécurité, présent dans plus de 200 pays. Ses solutions équipent environ 400 millions d’utilisateurs individuels et 270 000 entreprises clientes. Autant de cibles potentielles pour les opérations d’espionnage du Kremlin selon les autorités américaines.

Concrètement, Kaspersky ne pourra plus vendre ses produits aux États-Unis, ni fournir des mises à jour aux logiciels existants. Les utilisateurs américains devront trouver des alternatives, un processus qui pourra s’étaler jusqu’au 29 septembre. Une exception est prévue pour certaines activités jugées vitales.

Une confiance brisée à l’ère numérique

Au-delà de Kaspersky, c’est la question de la confiance dans les technologies étrangères qui est posée. Dans un monde de plus en plus connecté et numérique, la maîtrise des outils informatiques est devenue un enjeu de souveraineté et de sécurité majeur. Chaque État cherche à protéger ses intérêts et ses secrets, quitte à se méfier des solutions venues de l’extérieur, surtout lorsqu’elles proviennent de puissances rivales.

Cette décision américaine illustre parfaitement les tensions géopolitiques qui traversent désormais la sphère technologique. Dans ce contexte, il est probable que d’autres pays emboîtent le pas à Washington et restreignent à leur tour l’utilisation de certains logiciels jugés à risque. Une tendance qui pourrait favoriser le développement de solutions “maison”, chaque État voulant garder la main sur ses données stratégiques.

Vers une balkanisation de la tech ?

Certains experts craignent que cette méfiance généralisée ne conduise à une fragmentation de l’écosystème numérique mondial, chaque pays ou bloc de pays développant ses propres standards et solutions. Un scénario qui mettrait à mal l’idéal originel d’un Internet ouvert et universel, au profit d’une multitude de “splinternets” nationaux ou régionaux plus ou moins étanches les uns aux autres.

Face à ces défis, les éditeurs de solutions de cybersécurité devront redoubler d’efforts pour prouver leur fiabilité et leur indépendance vis-à-vis des États. Un exercice d’équilibriste délicat à l’heure où la pression des autorités pour accéder à certaines données ne cesse de grandir, au nom de la lutte contre le terrorisme et la criminalité. L’affaire Kaspersky risque en tout cas de faire jurisprudence et de pousser le secteur à une profonde remise en question.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.