Alors que le monde retient son souffle dans l’attente des résultats définitifs de l’élection présidentielle américaine, la Chine a exprimé son souhait d’une “coexistence pacifique” avec les États-Unis. Selon les projections, le candidat républicain Donald Trump serait en passe de l’emporter face à la démocrate Kamala Harris, laissant présager de nouvelles turbulences dans les relations sino-américaines.
Lors d’un point presse régulier, Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré : “Nous continuerons à aborder et à gérer les relations Chine-États-Unis sur la base des principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération mutuellement bénéfique.” Une main tendue qui reflète la volonté de Pékin de maintenir des liens stables avec Washington, malgré les défis qui s’annoncent.
Une position de neutralité affichée
Fidèle à sa tradition diplomatique, la Chine s’est gardée de commenter directement la possible réélection de Donald Trump. “Nous respectons le choix du peuple américain”, a souligné Mao Ning, ajoutant que son pays agirait “conformément aux pratiques habituelles” pour féliciter le vainqueur, une fois les résultats officiellement annoncés.
Cette position de neutralité affichée n’empêche pas les Chinois de suivre de près ce scrutin aux lourdes conséquences. Sur les réseaux sociaux du pays, comme Weibo ou Xiaohongshu, la victoire annoncée de Donald Trump figure parmi les sujets les plus discutés. Si certains internautes se réjouissent, d’autres s’inquiètent des répercussions économiques, craignant une nouvelle escalade dans la guerre commerciale sino-américaine.
L’ombre de la guerre commerciale
Et pour cause, les deux candidats à la Maison-Blanche ont fait campagne en promettant de se montrer intransigeants face à la Chine. “La guerre commerciale commence”, prédit un internaute sur Xiaohongshu. Un autre, travaillant dans le commerce international, confie : “Ma famille travaille dans le commerce international et son monde vient juste de s’écrouler.”
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait lancé une offensive commerciale tous azimuts contre la Chine, imposant des droits de douane massifs sur les produits chinois. Une stratégie agressive justifiée selon lui par les pratiques déloyales de Pékin, accusé de vol de technologies et de manipulation monétaire. Sous la présidence de Joe Biden, les relations avaient atteint leur plus bas niveau depuis des décennies, avec de nouvelles sanctions visant les véhicules électriques et les panneaux solaires chinois.
Entre indifférence et inquiétude
Dans les rues de Pékin, les réactions sont mitigées. Si certains affirment ne pas se soucier d’une élection qui n’est “pas leur affaire”, d’autres suivent les développements avec attention. “Quel que soit le secteur d’activité, les gens s’intéressent à ce qu’il dit, et à ce qui va arriver à la Chine s’il arrive au pouvoir”, témoigne un employé d’une compagnie d’assurance.
Cela va certainement être difficile pour les entreprises qui font du commerce international.
– Un employé d’une compagnie d’assurance à Pékin
Toutefois, cet interlocuteur relativise : même si Donald Trump “provoque” la Chine, cela n’a pas vraiment d’importance selon lui car “il est là pour seulement quatre ans, non ?”
Pékin prépare sa riposte économique
Face à la perspective d’un second mandat de Donald Trump, la Chine devrait muscler son plan de relance économique. Selon des analystes, des mesures d’envergure pourraient être annoncées cette semaine à l’issue d’une réunion du Parlement, afin de parer aux perturbations commerciales à venir.
Je pense qu’il y aura plus de turbulences, plus de conflits, plus d’incertitudes et même plus de risques dans les relations sino-américaines au cours des quatre prochaines années.
– Wu Xinbo, directeur du Centre d’études américaines de l’université Fudan de Shanghai
Malgré ces défis, la Chine entend bien défendre ses intérêts tout en évitant une confrontation directe. Une ligne de crête délicate à tenir, qui testera la capacité de Pékin et Washington à naviguer entre rivalité stratégique et interdépendance économique. L’avenir des relations sino-américaines, et avec elle celui de l’économie mondiale, se jouera dans cet équilibre précaire entre fermeté et dialogue.