Alors que la France se prépare aux élections législatives de 2024, la question de la fiscalité revient sur le devant de la scène politique. Le Nouveau Front Populaire (NFP), formation politique menée par Jean-Luc Mélenchon, avait fait de l’instauration de 14 tranches d’impôts sur le revenu l’une de ses propositions phares lors de la campagne présidentielle de 2022. Si l’idée n’est pas nouvelle, le NFP semble vouloir revoir sa copie et ajuster les différents seuils d’imposition envisagés.
Un héritage fiscal revisité
La proposition des 14 tranches d’impôts avait déjà été évoquée par La France Insoumise lors de l’examen du projet de loi de finances 2020 à l’Assemblée nationale. Jean-Luc Mélenchon l’avait ensuite intégrée à son programme pour l’élection présidentielle de 2022, détaillant les différents seuils envisagés, allant de 1% pour les revenus inférieurs à 10 292 euros jusqu’à 90% pour la fraction supérieure à 411 683 euros.
Mais comme le souligne Éric Coquerel, candidat à sa réélection sous la bannière du NFP, « ce qui tournait en 2022 n’est plus valable aujourd’hui ». Si le parti compte bien « tenir la même promesse », il reconnaît ne « pas avoir encore eu le temps de détailler en fonction du barème ».
Rééquilibrer la fiscalité
Pour le NFP, cette réforme fiscale d’ampleur vise à rééquilibrer la fiscalité française, jugée injuste et inégalitaire. En multipliant les tranches d’imposition, l’objectif est de mieux répartir l’effort fiscal en fonction des niveaux de revenus. Les plus aisés seraient ainsi mis davantage à contribution, tandis que les classes moyennes et populaires verraient leur pression fiscale allégée.
Il est temps de s’attaquer aux inégalités criantes qui minent notre pays. Notre système fiscal doit être plus juste et plus progressif.
Jean-Luc Mélenchon, président du NFP
Quel impact pour les finances publiques ?
Si le NFP se garde bien de dévoiler les nouveaux seuils d’imposition envisagés, la question de l’impact d’une telle réforme sur les finances publiques se pose. Pour les détracteurs du projet, le risque est de voir s’évaporer une partie des recettes fiscales, mettant en péril le financement des services publics et de la protection sociale.
Mais pour Éric Coquerel, « il ne s’agit pas de baisser les impôts mais de les rendre plus justes ». Le NFP mise sur les effets redistributifs de la mesure, qui devrait selon lui soutenir le pouvoir d’achat et relancer la consommation des ménages. La formation politique entend également s’attaquer à l’évasion et l’optimisation fiscales pour dégager de nouvelles recettes.
L’épouvantail de la campagne ?
À un an du scrutin législatif, la proposition du NFP ne manquera pas de faire débat. Ses adversaires politiques l’accusent déjà de vouloir « matraquer fiscalement » les classes moyennes et aisées. Le gouvernement, par la voix de Bruno Le Maire, brandit le spectre d’une mise sous tutelle budgétaire de la France en cas de victoire de la gauche radicale.
Pour Éric Coquerel, ces critiques relèvent de « l’épouvantail électoral ». Le NFP assume au contraire de vouloir redistribuer les richesses et réduire les inégalités via l’impôt, dans un contexte de crise du pouvoir d’achat. Reste à savoir si les électeurs seront sensibles à cet argumentaire, ou s’ils craindront un alourdissement de leur feuille d’impôts.
À mesure que la campagne des législatives avancera, nul doute que les 14 tranches d’impôts du NFP feront l’objet d’âpres discussions sur les plateaux télé et dans l’hémicycle. L’occasion pour chaque camp de défendre sa vision de la fiscalité et de la redistribution des richesses. Les Français trancheront dans les urnes en juin 2024.