Alors que les conflits continuent de déchirer le Moyen-Orient, des voix s’élèvent pour réclamer un engagement plus marqué des États-Unis dans la région. C’est notamment le cas des Émirats arabes unis qui, par la voix de leur conseiller présidentiel Anwar Gargash, ont appelé lundi à un « leadership américain solide » pour faire face aux crises actuelles.
Un Moyen-Orient en proie aux guerres
La situation est en effet préoccupante sur de nombreux fronts, avec des guerres qui font rage à Gaza entre Israël et le Hamas, au Liban entre Israël et le Hezbollah, ainsi qu’au Soudan entre l’armée régulière et les paramilitaires. Ces conflits interminables ont déjà fait d’innombrables victimes et provoqué de graves crises humanitaires, particulièrement dans les Territoires palestiniens et au Soudan.
Malgré les efforts répétés de la diplomatie américaine, avec pas moins de 11 visites du secrétaire d’État Antony Blinken dans la région depuis le début de la guerre à Gaza, aucune solution durable ne semble se profiler à l’horizon. D’où cet appel du pied des Émirats à l’administration Biden pour qu’elle s’implique davantage.
« Nous avons besoin d’un leadership solide »
« Alors que nous traversons des périodes de turbulence, le leadership et le partenariat des États-Unis demeurent indispensables », a insisté Anwar Gargash devant le Forum stratégique d’Abou Dhabi. Mais selon lui, « l’implication ne suffit pas en soi. Nous avons besoin d’un leadership solide qui accorde la priorité aux considérations humanitaires en plus des intérêts stratégiques. »
Le conseiller émirati a également appelé la nouvelle administration américaine à adopter une « approche globale » au Moyen-Orient plutôt que des « politiques réactives et fragmentaires », afin de « maintenir la sécurité et la stabilité régionales ». Un message qui semble viser implicitement Donald Trump, dont le retour au pouvoir se profile à l’horizon 2024.
Le rôle crucial des États-Unis
Il faut dire que sous sa présidence, les Émirats comme Bahreïn et le Maroc avaient rompu le consensus arabe en normalisant leurs relations avec Israël via les accords d’Abraham de 2020. Une initiative saluée par certains, mais qui n’a pas fondamentalement changé la donne dans le conflit israélo-palestinien.
Quoi qu’il en soit, Anwar Gargash a réaffirmé que son pays continuerait à « travailler étroitement avec les États-Unis dans cette relation stratégique ». Le président américain Joe Biden avait d’ailleurs reçu en septembre son homologue émirati Mohammed ben Zayed al-Nahyane, avec qui il avait évoqué les différentes crises régionales, y compris au Soudan où les Émirats sont accusés de jouer un rôle trouble en soutenant les paramilitaires.
Des accusations qu’Abou Dhabi a fermement démenties, tout en se posant en généreux donateur d’aide humanitaire. Les Émirats ont notamment procédé la semaine dernière à l’évacuation médicale de 120 Palestiniens de Gaza, pour la plupart des enfants blessés ou malades.
Leadership et implication, la clé de la stabilité ?
Mais au-delà de ces gestes, c’est bien une implication politique de haut niveau que les pays de la région semblent attendre de Washington. Car seule une puissance de premier plan comme les États-Unis paraît à même de peser sur les différents protagonistes pour les ramener à la table des négociations.
Encore faut-il que l’administration américaine en ait la volonté et les moyens. Prise dans de multiples crises intérieures et internationales, pourra-t-elle faire du Moyen-Orient une priorité et y déployer les efforts nécessaires ? C’est tout l’enjeu des prochains mois, alors que les conflits continuent de s’enliser et que les populations civiles paient le prix fort de l’instabilité chronique de la région.
Une chose est sûre : sans un engagement américain fort et durable, il y a peu de chances de voir la situation s’améliorer durablement. Car comme le souligne Anwar Gargash, « les crises actuelles » requièrent plus que jamais « l’implication cruciale » de Washington. Reste à savoir si cet appel sera entendu.