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Les élèves français peinent toujours en mathématiques

L'évaluation Timss 2023 sonne l'alarme : malgré les réformes, les élèves français restent à la traîne en maths, creusant notamment l'écart filles-garçons. Quelles pistes pour redresser la barre ?

Les derniers résultats de l’évaluation internationale Timss 2023 font grise mine pour l’école française. Publiés ce 4 décembre, ils placent l’Hexagone en queue de peloton parmi les pays de l’Union européenne en mathématiques et en sciences, aussi bien en primaire qu’au collège. Une position quasi identique à celle de 2019, qui ne laisse guère espérer d’amélioration notable malgré les réformes engagées.

La France, lanterne rouge en maths

En mathématiques, les élèves français de CM1 et de 4ème arrivent respectivement en dernière et avant-dernière position dans l’UE. Avec un score de 484 points pour les CM1, la France se situe en-dessous de la moyenne de l’OCDE, au niveau de pays comme la Belgique francophone ou la Nouvelle-Zélande. Loin derrière des voisins comme l’Angleterre (552 pts), l’Allemagne (524 pts) ou la Suède (530 pts).

On ne peut pas se satisfaire de ces résultats, mais la France reste stable, alors que d’autres pays de l’UE accusent une baisse.

Ministère de l’Éducation nationale

Une petite consolation pour la Rue de Grenelle, qui préfère voir le verre à moitié plein. Car si la tendance globale dans l’OCDE est stable, certains pays dégringolent comme les États-Unis (-18 pts en primaire) ou le Portugal (-25 pts en 4ème). Mais dans le même temps, d’autres font de belles progressions à l’image de la Roumanie (+60 pts !) ou de la Pologne (+26 pts).

De plus en plus d’élèves décrocheurs

Plus préoccupant, la proportion d’élèves qui ne maîtrisent pas les compétences mathématiques de base ne cesse d’augmenter. Ils sont désormais 15% en CM1 et 17% en 4ème dans ce cas, soit 5 points de plus qu’en 2019. Un taux deux fois plus élevé que la moyenne de l’UE.

Dans le même temps, la part des élèves très performants reste faible et stable, autour de 3%. À des années-lumière des 46% de Singapour, 40% de Corée du Sud ou même 15% d’Angleterre. Un vivier d’excellence qui risque à terme de manquer à la France.

Des programmes mal appliqués

Pourtant, sur le papier, les programmes français collent plutôt bien aux attendus de Timss. Mais dans les faits, de nombreuses notions tardent à être abordées en classe. Ainsi, seuls 10% des CM1 étudient les décimaux dès novembre comme prévu, et 25% attendent le mois de mai ! Un décalage lié aux craintes des enseignants face aux difficultés de leurs élèves, qui sont souvent le miroir de leurs propres lacunes.

Le but des nouveaux programmes est de favoriser l’acquisition des automatismes en maths, avec davantage de manipulations.

Ministère de l’Éducation nationale

Pour y remédier, les nouveaux programmes qui entreront en vigueur en 2025 font débuter l’apprentissage des fractions et décimaux dès le CE1. Avec des approches plus concrètes inspirées de méthodes comme celle de Singapour. Reste à voir si les enseignants seront suffisamment formés et à l’aise pour les appliquer.

Le défi de la formation continue

Car le nerf de la guerre reste la formation des professeurs, initiale mais surtout continue. Depuis le plan maths lancé en 2018, 85% des professeurs des écoles ont été formés à hauteur de 30h tous les 6 ans. C’est mieux qu’avant, mais très loin des 100h annuelles d’un pays comme Singapour !

Il faut former les chefs d’établissement au pilotage pour que les écoles se transforment en lieu d’apprentissage pour les enseignants.

Charles Torossian, inspecteur général de l’Éducation nationale

Un défi encore plus grand dans le secondaire, où la formation continue n’est pas obligatoire et se heurte à des contraintes d’emploi du temps. Certains appellent à s’inspirer de l’Espagne ou du Portugal, qui ont réussi à annualiser des heures dédiées à la formation au sein des établissements.

L’école française, championne des inégalités

Autre spécificité inquiétante de la France : les écarts abyssaux de niveau entre filles et garçons. En CM1, l’écart en maths ne cesse de se creuser en faveur des garçons : 23 points en 2023, contre 13 en 2019 et 6 en 2015. Du jamais vu dans les pays de l’OCDE ! Un décrochage précoce des filles qui s’observe dès le CP.

Les stéréotypes filles-garçons liés aux maths sont encore très présents. S’y ajoute l’image d’une matière ultra-sélective.

Sébastien Planchenault, Association des professeurs de mathématiques

Là encore, la formation des enseignants sera clé pour déconstruire les stéréotypes et redonner confiance aux filles. Le ministère promet d’en faire un axe fort du nouveau plan maths, avec un suivi des écarts dès la maternelle. Tout en martelant l’importance de la discipline, avec le retour d’une épreuve obligatoire au bac en 2024.

Des signaux forts, qui ne suffiront pas à eux seuls à redresser la barre. Pour enrayer le déclin, c’est tout un changement de culture qu’il faudra impulser. En réhabilitant l’image des maths, en repensant la formation des profs, en osant s’ouvrir aux méthodes qui marchent ailleurs. Un vaste chantier, qui engagera l’avenir de nos enfants. Et celui de la France.

Autre spécificité inquiétante de la France : les écarts abyssaux de niveau entre filles et garçons. En CM1, l’écart en maths ne cesse de se creuser en faveur des garçons : 23 points en 2023, contre 13 en 2019 et 6 en 2015. Du jamais vu dans les pays de l’OCDE ! Un décrochage précoce des filles qui s’observe dès le CP.

Les stéréotypes filles-garçons liés aux maths sont encore très présents. S’y ajoute l’image d’une matière ultra-sélective.

Sébastien Planchenault, Association des professeurs de mathématiques

Là encore, la formation des enseignants sera clé pour déconstruire les stéréotypes et redonner confiance aux filles. Le ministère promet d’en faire un axe fort du nouveau plan maths, avec un suivi des écarts dès la maternelle. Tout en martelant l’importance de la discipline, avec le retour d’une épreuve obligatoire au bac en 2024.

Des signaux forts, qui ne suffiront pas à eux seuls à redresser la barre. Pour enrayer le déclin, c’est tout un changement de culture qu’il faudra impulser. En réhabilitant l’image des maths, en repensant la formation des profs, en osant s’ouvrir aux méthodes qui marchent ailleurs. Un vaste chantier, qui engagera l’avenir de nos enfants. Et celui de la France.

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