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Les Électeurs du RN Rattrapés par les Quartiers mais Coincés

Un sentiment d'injustice et de frustration grandit chez de nombreux électeurs RN, coincés dans des quartiers qui se dégradent sans avoir les moyens de les quitter. Pris en étau entre les plus aisés et les plus modestes, leur rêve d'entre-soi vole en éclats face à la mixité sociale subie. Une situation explosive qui nourrit la colère...

Derrière les débats sur le pouvoir d’achat qui dominent la campagne législative, se cachent des inégalités sociales profondes qui minent la cohésion nationale. Un mal-être particulièrement palpable chez une partie de l’électorat du Rassemblement National (RN), rongée par un sentiment d’injustice et de déclassement résidentiel.

L’entre-soi raté des électeurs RN

Coincés entre la pression des plus aisés qui choisissent leur lieu de vie et celle des plus modestes subissant de plein fouet la mondialisation, de nombreux électeurs RN ont l’impression d’être “rattrapés” par les “quartiers” qu’ils cherchent pourtant à fuir. Une frustration d’autant plus grande que leurs revenus ne leur permettent pas toujours de concrétiser leurs aspirations ségrégatives.

Beaucoup ont l’impression que “les quartiers” les “rattrapent” dans leur environnement résidentiel et scolaire. Ils souhaiteraient pouvoir habiter ailleurs et s’en éloigner, mais ils n’en ont pas toujours les moyens financiers.

– Félicien Faury, auteur de “Des électeurs ordinaires”

Quand la mixité sociale devient subie

Si les grandes villes donnent l’illusion d’une plus grande mixité, elles permettent surtout aux plus aisés de mieux choisir leur cadre de vie pour éviter ceux qui ne leur ressemblent pas. Une possibilité dont ne disposent pas les électeurs RN, condamnés à cohabiter avec des populations dont ils cherchent pourtant à se distinguer.

La peur du déclassement

Pris en tenaille, les électeurs RN subissent une double pression. En haut, les élites leur semblent inaccessibles. En bas, ils voient leur position menacée par la mondialisation et l’immigration. Entre les deux, les perspectives de mobilité sociale paraissent de plus en plus limitées, nourrissant un profond ressentiment.

L’accès aux élites est fermé mais le bas de l’échelle sociale semble très ouvert et subit de plein fouet la concurrence avec la mondialisation, dont l’immigration est le symbole. Entre les deux, la mobilité sociale n’est plus assurée comme autrefois.

– Luc Rouban, chercheur au Cevipof

Un terreau fertile pour l’extrême-droite

Ce cocktail d’inégalités, de frustrations et de peurs forme un terreau fertile pour le vote RN. En promettant de rétablir les frontières et de donner la priorité aux Français, le parti de Marine Le Pen surfe sur le malaise de ces “petits-moyens” qui se sentent délaissés et menacés dans un monde qui bouge trop vite.

Une situation explosive qui pourrait bien faire dérailler la campagne législative, si les partis traditionnels ne parviennent pas à répondre à la détresse de cette France périphérique qui se sent de plus en plus étrangère dans son propre pays. Le défi est immense, mais il est urgent de le relever pour éviter que la colère ne l’emporte sur la raison dans les urnes.

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