Au Mexique, un nouveau programme baptisé « Oui au désarmement, oui à la paix » vient d’être lancé par le gouvernement. Son objectif : inciter les détenteurs d’armes à feu à les déposer volontairement dans des églises, en échange d’une compensation financière. Une initiative originale qui s’inscrit dans une stratégie globale de sécurité visant à endiguer la violence armée qui gangrène le pays.
Les églises, nouveaux lieux de désarmement
C’est sur le parvis des lieux de culte que le gouvernement mexicain a choisi d’installer des points de collecte d’armes. Les personnes souhaitant se défaire de leurs armes pourront venir les y déposer en toute confidentialité, sans crainte de poursuites judiciaires. En contrepartie, une somme d’argent leur sera remise, calculée en fonction du type d’arme remis.
D’après Claudia Sheinbaum, la présidente du pays, ce dispositif qui débutera en 2024 s’inspire d’une expérience similaire menée avec succès dans la capitale Mexico. Elle mise sur l’effet d’entraînement et la confiance que les Mexicains accordent à leurs églises pour convaincre un maximum de personnes de renoncer à leurs armes.
Un enjeu de santé publique
La prolifération des armes à feu constitue un véritable fléau au Mexique. Selon des chiffres préliminaires, le pays a enregistré plus de 31 000 homicides en 2023, dont 70% par arme à feu. Cette violence, en grande partie liée aux affrontements entre groupes criminels pour le contrôle des routes de la drogue, est alimentée par le trafic illégal d’armes venant des États-Unis voisins.
Face à ce constat alarmant, le gouvernement multiplie les initiatives pour tenter d’enrayer cette spirale meurtrière. Le programme de rachat d’armes dans les églises en est le dernier exemple en date. Il complète d’autres mesures comme le renforcement des contrôles aux frontières ou les actions en justice contre les marchands d’armes américains.
Un symbole fort mais des doutes sur l’efficacité
Si l’intention est louable, des voix s’élèvent toutefois pour questionner l’efficacité réelle de ce type de programme sur le long terme. Des experts craignent un effet pervers, certains pouvant être tentés d’utiliser l’argent reçu pour acheter de nouvelles armes ensuite. D’autres pointent le risque d’un simple déplacement du problème, les armes collectées étant rapidement remplacées par de nouvelles en provenance des États-Unis.
Il faut s’attaquer à la racine du mal, c’est-à-dire au trafic d’armes lui-même et aux conditions socio-économiques qui nourrissent la violence.
Un expert en sécurité publique
Malgré ces réserves, l’initiative a le mérite d’envoyer un signal fort. En faisant des églises, lieux de paix et de rassemblement, des points de collecte d’armes, elle entend insuffler un changement des mentalités. L’objectif est de briser le cercle vicieux qui conduit de plus en plus de Mexicains à s’armer pour se protéger, alimentant en retour la violence.
La lutte contre la criminalité se poursuit
Parallèlement à ce programme, les autorités maintiennent la pression sur les groupes criminels. Mardi, le gouvernement a officiellement demandé aux États-Unis l’extradition d’un ex-leader présumé du cartel de Sinaloa. L’homme, arrêté vendredi en Virginie, est soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat du journaliste Javier Valdez en 2017.
Une demande qui illustre la volonté affichée du Mexique de ne laisser aucun répit aux trafiquants. Reste à voir si les différentes stratégies mises en œuvre, du désarmement volontaire à la traque des capos, parviendront à faire reculer durablement la criminalité dans le pays. Le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches.