Imaginez des champs à perte de vue, gorgés d’eau, où les cultures peinent à se dresser sous le poids des averses incessantes. C’est le triste spectacle qui s’offre aux agriculteurs français depuis près d’un an maintenant. Entre tempêtes, dépressions et autres épisodes pluvieux, les récoltes et les semis ont été grandement perturbés. Mais quelles conséquences ces intempéries auront-elles sur les prix des fruits et légumes dans nos supermarchés ? Éléments de réponse.
Des récoltes et des semis compromis
Prenons l’exemple des pommes. D’après une source proche du secteur, seulement 10% des pommes ont été récoltées cette année à la même période, contre 50% l’an dernier. Cela signifie non seulement un retard de livraison dans les supermarchés, mais aussi des délais dans la fabrication de produits dérivés comme les compotes ou les jus.
Même constat pour le maïs, dont les plants ont été littéralement couchés par les vents violents, rendant la récolte bien plus ardue. Quant aux semis, ils accusent eux aussi un retard considérable : seuls 5% auraient été réalisés, contre 50% l’année dernière à la même époque.
Une hausse des prix à prévoir
Si les consommateurs doivent s’attendre à une augmentation du prix des fruits et légumes, c’est avant tout parce que les agriculteurs vont devoir engager des frais supplémentaires. Pour le maïs par exemple, une main-d’œuvre additionnelle sera nécessaire pour le ramassage. Il faudra aussi le faire sécher, ce qui implique une consommation d’énergie accrue pour envoyer de l’air chaud.
Mais les cultures ne sont pas les seules touchées. Les pâturages détrempés obligent les éleveurs à garder leurs bêtes à l’intérieur et à les nourrir au foin, plutôt que de les laisser brouter en extérieur. Un coût non négligeable qui devra bien être répercuté quelque part.
Entre 15 et 20 centimes de plus par kilo
Difficile à ce stade de chiffrer précisément la hausse à venir. Mais si l’on se fie aux précédents épisodes climatiques extrêmes, on peut tabler sur une augmentation de 15 à 20 centimes par kilo en moyenne. Tout dépendra des négociations qui auront lieu début 2025 entre producteurs, industriels et grande distribution.
Les discussions risquent d’être particulièrement tendues et les agriculteurs ont beaucoup à perdre.
Un représentant de la FNSEA, premier syndicat agricole français
Une qualité gustative et une conservation réduites
Au-delà de l’aspect financier, c’est aussi la qualité des produits qui pourrait pâtir de ces conditions climatiques défavorables. Des fruits et légumes gorgés d’eau, récoltés à la hâte entre deux averses, il y a fort à parier que leurs qualités gustatives ne seront pas au rendez-vous.
Autre problème : leur conservation. Stressés par un excès d’humidité, les fruits et légumes risquent de se détériorer bien plus rapidement qu’à l’accoutumée. De quoi générer du gaspillage et de la frustration chez les consommateurs.
Alors que l’inflation grignote déjà le pouvoir d’achat des ménages et que les enjeux environnementaux n’ont jamais été aussi prégnants, cette nouvelle hausse qui se profile sonne comme une double peine. Espérons que le ciel sera plus clément dans les mois à venir, pour le bien de tous.