C’est un constat accablant que viennent de dresser des experts de l’ONU sur la situation des disparitions forcées en Colombie. Malgré les décennies passées, ce fléau continue de faire des ravages dans le pays, laissant des familles entières dans le désespoir. Un crime qui n’appartient malheureusement pas qu’au passé mais qui se poursuit au quotidien.
Un phénomène qui touche toute la population
Au terme d’une visite de deux semaines sur le terrain, le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées (CED) a pu mesurer l’ampleur de ce drame qui n’épargne personne. Enfants, adolescents, leaders sociaux, migrants, journalistes, ex-combattants démobilisés ou encore enseignants, tous les groupes d’âge et toutes les catégories socio-professionnelles sont concernés.
Parmi les cas les plus préoccupants, les experts de l’ONU citent notamment les recrutements forcés, la traite des êtres humains, les déplacements et migrations contraints ainsi que les disparitions liées à des manifestations sociales. Un tableau particulièrement sombre de la situation dans le pays.
Des familles confrontées à des obstacles insurmontables
Pour les proches des disparus, le combat pour obtenir des réponses est un véritable parcours du combattant. Entre complexité du cadre juridique et institutionnel et manque de coordination entre les différentes entités, beaucoup se retrouvent face à des impasses bureaucratiques.
Les institutions travaillent souvent en vase clos, laissant les victimes dans des impasses bureaucratiques.
Comité des Nations unies sur les disparitions forcées (CED)
Des réunions à n’en plus finir mais peu d’actions concrètes, c’est malheureusement le quotidien de nombreuses familles en quête de vérité et de justice. Une situation aggravée par l’absence d’un registre centralisé et fiable des personnes portées disparues dans le pays.
Entre 98 000 et 200 000 disparus liés au conflit
Si les chiffres varient selon les sources, l’ampleur du phénomène ne fait aucun doute. Le CED évoque entre 98 000 et 200 000 personnes portées disparues en lien avec le conflit armé qui déchire la Colombie depuis près de 60 ans. Des données glaçantes qui ne reflètent qu’une partie de la réalité tant de nombreux cas ne sont pas officiellement recensés.
Face à ce drame qui se joue loin des caméras, il est urgent d’agir pour soutenir les familles dans leur quête de vérité. Éclaircir le sort des disparus, sanctionner les responsables et prévenir de nouvelles disparitions doivent être des priorités absolues pour les autorités colombiennes. Il en va de la dignité des victimes et d’une société toute entière meurtrie par des décennies de violences.
Des mesures attendues pour enrayer ce fléau
- Renforcer la coordination entre les différentes institutions en charge de la recherche des disparus
- Créer un registre national centralisé et actualisé des personnes portées disparues
- Apporter un soutien juridique et psychologique aux familles des victimes
- Mener des enquêtes approfondies pour élucider les cas de disparitions
- Poursuivre en justice les auteurs de ces crimes et garantir le droit à la vérité
Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment dans le cadre des accords de paix, beaucoup reste encore à faire. La visite des experts de l’ONU est un signal fort envoyé aux autorités colombiennes. Il est temps de passer des paroles aux actes pour mettre fin à ce chapitre sombre de l’histoire du pays et permettre aux familles de faire leur deuil. Un défi immense mais nécessaire sur le chemin de la réconciliation nationale.
