À quelques semaines du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, un sommet européen stratégique se tient à Bruxelles. L’enjeu est de taille pour les 27 pays membres de l’Union européenne : affiner leur positionnement sur des dossiers internationaux brûlants comme l’Ukraine et la Syrie, tout en préparant le terrain des futures relations avec la nouvelle administration américaine.
L’Ukraine au cœur des discussions
Le conflit ukrainien sera indéniablement au centre des échanges entre les dirigeants européens. Malgré les inquiétudes suscitées par les déclarations de Donald Trump, qui a promis de ramener la paix en Ukraine «en 24 heures», les 27 tiennent à réaffirmer leur soutien indéfectible à Kiev.
Une source proche des discussions confie que «l’Europe a besoin d’une position forte et unie pour assurer une paix durable en Ukraine». Il s’agira notamment de s’accorder sur l’aide financière promise à l’Ukraine jusqu’en 2025, estimée à au moins 30 milliards d’euros, dont une grande partie servira à acheter des armes.
Zelensky à Bruxelles
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, présent à Bruxelles, participera à une rencontre avec les dirigeants européens en marge du sommet. L’occasion pour lui de plaider une nouvelle fois la cause de son pays et d’obtenir des garanties quant à la poursuite du soutien européen.
Nos amis, et plus encore nos ennemis, suivront attentivement la manière dont nous continuerons à soutenir l’Ukraine. Notre soutien doit donc être sans faille.
– Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
Aider l’Ukraine à passer l’hiver
Outre l’aspect militaire, l’aide à l’Ukraine devra aussi se matérialiser sur le plan humanitaire, alors que la Russie pilonne jour après jour les infrastructures énergétiques du pays. «Le défi le plus immédiat concerne le système énergétique de l’Ukraine», a souligné Ursula von der Leyen.
La question syrienne en toile de fond
Si l’Ukraine occupera le devant de la scène, les 27 ne manqueront pas d’évoquer la situation en Syrie, où un groupe islamiste a pris le pouvoir à Damas début décembre. L’Union européenne entend poser ses conditions pour une reprise des relations avec le nouveau régime.
Selon un diplomate européen, l’UE doit «intensifier sa relation avec le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), au pouvoir à Damas, mais avec vigilance». HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé «terroriste» par plusieurs capitales occidentales.
Éviter une résurgence de l’EI
Au-delà des relations avec le nouveau pouvoir syrien, Européens et Américains partagent une préoccupation commune : empêcher toute résurgence en Syrie du groupe jihadiste État islamique, qui n’a jamais été totalement éradiqué.
Afficher l’unité face à Trump
En toile de fond des discussions sur l’Ukraine et la Syrie, les dirigeants européens auront à cœur d’afficher leur unité face au retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Un déjeuner de travail sera l’occasion d’une «discussion politique» sur les futures relations avec Washington.
«Il faut rappeler au président élu Donald Trump qu’il aura besoin d’alliés pour atteindre ses objectifs, notamment en ce qui concerne la Chine», souligne un diplomate européen. Une manière de signifier à l’imprévisible milliardaire que les Européens entendent peser dans le jeu géopolitique mondial.
Ce sommet européen intervient à un moment charnière, entre crises internationales majeures et recomposition politique outre-Atlantique. Les 27 devront démontrer leur capacité à parler d’une seule voix et à défendre leurs intérêts sur l’échiquier mondial. Un test grandeur nature avant le grand chambardement trumpien.