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Les dérives choquantes d’un avocat sur Snapchat

Un avocat parisien déclenche l'indignation en se vantant sur Snapchat d'avoir obtenu des peines légères pour ses clients malgré des faits de trafic de drogue. Retour sur un buzz qui en dit long sur les dérives de certains ténors du barreau et sur l'utilisation des réseaux sociaux...

Un buzz judiciaire secoue actuellement les réseaux sociaux et le milieu des avocats. Au cœur de la polémique : Maître El Moujaddide, un ténor du barreau parisien qui s’est vanté sur Snapchat d’avoir obtenu des décisions de justice particulièrement clémentes pour ses clients, malgré des faits graves de trafic de stupéfiants. Retour sur une affaire qui fait scandale et qui soulève de nombreuses questions sur l’éthique de certains avocats et l’utilisation des réseaux sociaux.

Maître El Moujaddide, l’avocat qui fait le buzz pour de mauvaises raisons

Maître Saïd El Moujaddide, 33 ans, est un avocat pénaliste bien connu du barreau de Paris. Réputé pour son bagout et son sens de la communication, il a fait parler de lui à plusieurs reprises grâce à ses interventions médiatiques remarquées. Mais cette fois, c’est pour un tout autre genre de buzz qu’il fait la une.

Tout commence le 21 juillet dernier, quand Maître El Moujaddide publie sur son compte Snapchat une story dans laquelle il se félicite d’une décision de justice qu’il vient d’obtenir pour un de ses clients. Sur une capture d’écran, on peut lire le commentaire suivant : “MDRRRR SEULEMENT UN AN pour SOIXANTE SIX KIL C’EST LE DIABLE OU QUOI”. La story est accompagnée d’émojis hilares et de flammes.

En clair, l’avocat se réjouit qu’un de ses clients, jugé pour trafic de 66 kilos de stupéfiants, n’ait écopé que d’un an de prison. Une peine particulièrement légère au regard de la gravité des faits reprochés. La story, rapidement repérée et relayée sur les réseaux sociaux, a immédiatement suscité un tollé et de nombreuses critiques.

Un avocat critiqué pour son manque d’éthique et de déontologie

Pour beaucoup, le comportement de Maître El Moujaddide est choquant et inacceptable. En se vantant publiquement d’avoir obtenu une peine clémente pour un trafiquant de drogue, l’avocat bafoue les règles les plus élémentaires de sa profession. Comme le rappelle l’article 1.3 du règlement intérieur national des avocats, “L’avocat exerce ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité, dans le respect des termes de son serment.”

Difficile en effet de voir où se situent la dignité et la probité dans cette story Snapchat… Pour Me Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF), “ce type de publication est non seulement contraire à notre déontologie mais elle discrédite l’institution judiciaire et nuit à l’image de la profession”. Le bâtonnier de Paris, Me Vincent Nioré, a lui aussi fermement condamné l’attitude de son jeune confrère.

Une utilisation discutable des réseaux sociaux

Au-delà du cas personnel de Me El Moujaddide, cette affaire pose la question de l’utilisation des réseaux sociaux par les avocats. Si les publications personnelles y sont autorisées, elles doivent respecter le secret professionnel et la confidentialité des procédures. Commenter des décisions de justice nominatives sur Snapchat est donc plus que limite…

De plus en plus d’avocats, surtout parmi les plus jeunes, utilisent des plateformes comme Instagram, TikTok ou Snapchat pour accroître leur notoriété et attirer des clients. Une tendance qui pourrait se retourner contre eux si ces publications venaient à être jugées contraires à l’éthique et au sérieux attendus des professionnels du droit.

Il est plus que jamais nécessaire d’encadrer et de réguler l’usage des réseaux sociaux par les avocats. Notre profession ne peut pas se permettre ce genre de dérapages.

– Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB)

Un buzz qui soulève des questions sur la justice

Au-delà de l’attitude de Me El Moujaddide, ce buzz met aussi en lumière certains dysfonctionnements judiciaires. Comment un individu accusé de trafic de 66 kilos de stupéfiants peut-il s’en tirer avec seulement un an de prison ? Cette décision interroge sur le traitement réservé aux affaires de drogue et soulève des doutes quant à l’efficacité de la réponse pénale.

Cette peine d’un an pour un trafic d’une telle ampleur paraît totalement disproportionnée et inadaptée. Elle envoie un très mauvais signal et peut laisser penser que la justice est laxiste avec les trafiquants.

– François Thierry, ancien patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis)

Sans présumer de ce dossier précis, force est de constater que les peines prononcées en matière de trafic de stupéfiants sont souvent en-deçà des réquisitions du parquet et des maximums encourus. En 2019, la peine moyenne pour trafic était de 3 ans et 8 mois de prison selon les chiffres du ministère de la Justice, bien loin des 10 ans prévus par le Code pénal.

Cette affaire est donc l’occasion de s’interroger plus largement sur la politique pénale menée dans la lutte contre le trafic de drogue. Si la répression n’est pas la seule réponse, des sanctions significatives restent essentielles pour démanteler les réseaux, couper les flux financiers et endiguer le fléau des stupéfiants qui gangrène de nombreux quartiers.

Quant à Maître El Moujaddide, il a tenté de s’expliquer face au tollé provoqué par sa story. Dans un communiqué publié sur Twitter, il a assuré qu’il s’agissait d’un “message envoyé à un ami qui n’était pas destiné à être public” et qu’il regrettait la “tonalité inappropriée” de ce dernier. L’avocat a par ailleurs affirmé qu’il ne souhaitait pas manquer de respect à l’institution judiciaire.

Je comprends la réaction que ce message a suscitée et je présente mes excuses à ceux que j’ai pu choquer ou blesser. Je reste pleinement engagé dans mon combat pour la défense des droits et des libertés.

– Maître El Moujaddide via son compte Twitter

Ces explications n’ont pas suffi à calmer la polémique, qui continue d’enfler sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes et professionnels du droit appellent à des sanctions disciplinaires à l’encontre de Me El Moujaddide. Le Conseil de l’ordre du barreau de Paris a d’ores et déjà annoncé l’ouverture d’une enquête déontologique. Affaire à suivre…

Au-delà de l’attitude de Me El Moujaddide, ce buzz met aussi en lumière certains dysfonctionnements judiciaires. Comment un individu accusé de trafic de 66 kilos de stupéfiants peut-il s’en tirer avec seulement un an de prison ? Cette décision interroge sur le traitement réservé aux affaires de drogue et soulève des doutes quant à l’efficacité de la réponse pénale.

Cette peine d’un an pour un trafic d’une telle ampleur paraît totalement disproportionnée et inadaptée. Elle envoie un très mauvais signal et peut laisser penser que la justice est laxiste avec les trafiquants.

– François Thierry, ancien patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis)

Sans présumer de ce dossier précis, force est de constater que les peines prononcées en matière de trafic de stupéfiants sont souvent en-deçà des réquisitions du parquet et des maximums encourus. En 2019, la peine moyenne pour trafic était de 3 ans et 8 mois de prison selon les chiffres du ministère de la Justice, bien loin des 10 ans prévus par le Code pénal.

Cette affaire est donc l’occasion de s’interroger plus largement sur la politique pénale menée dans la lutte contre le trafic de drogue. Si la répression n’est pas la seule réponse, des sanctions significatives restent essentielles pour démanteler les réseaux, couper les flux financiers et endiguer le fléau des stupéfiants qui gangrène de nombreux quartiers.

Quant à Maître El Moujaddide, il a tenté de s’expliquer face au tollé provoqué par sa story. Dans un communiqué publié sur Twitter, il a assuré qu’il s’agissait d’un “message envoyé à un ami qui n’était pas destiné à être public” et qu’il regrettait la “tonalité inappropriée” de ce dernier. L’avocat a par ailleurs affirmé qu’il ne souhaitait pas manquer de respect à l’institution judiciaire.

Je comprends la réaction que ce message a suscitée et je présente mes excuses à ceux que j’ai pu choquer ou blesser. Je reste pleinement engagé dans mon combat pour la défense des droits et des libertés.

– Maître El Moujaddide via son compte Twitter

Ces explications n’ont pas suffi à calmer la polémique, qui continue d’enfler sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes et professionnels du droit appellent à des sanctions disciplinaires à l’encontre de Me El Moujaddide. Le Conseil de l’ordre du barreau de Paris a d’ores et déjà annoncé l’ouverture d’une enquête déontologique. Affaire à suivre…

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