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Les Défis Majeurs d’un Futur Traité Mondial Contre la Pollution Plastique

Un sommet crucial sur la pollution plastique s'est achevé sans accord, les pays restant profondément divisés sur les mesures à prendre. Découvrez les points de blocage qui devront être surmontés pour...

Les négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique ont achoppé ce dimanche à Busan, en Corée du Sud. Malgré la présence de délégués de plus de 170 pays, de profondes divergences ont empêché l’adoption d’un accord. Les pourparlers, entamés il y a plus de deux ans, devront donc se poursuivre en 2025 pour tenter de surmonter ces différends.

Production plastique : le nœud du problème

Si la résolution de l’ONU de 2022 prévoyait « une production et une consommation durables du plastique », l’interprétation de cette formule varie grandement selon les parties. Certains pays, réunis au sein d’une « Coalition des hautes ambitions », plaident pour une réduction contraignante de la production de plastique vierge et la suppression des plastiques non essentiels comme ceux à usage unique. L’Union européenne a ainsi martelé qu’il « ne sert à rien de passer la serpillère quand on laisse le robinet ouvert ».

À l’inverse, plusieurs gros producteurs de pétrole comme la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite s’opposent fermement à toute réduction obligatoire. Selon eux, l’objectif du traité est de lutter contre la pollution, et non contre le plastique en lui-même, matériau qui aurait « apporté d’immenses bénéfices aux sociétés ».

Le casse-tête des substances chimiques

Autre pomme de discorde : le sort des « produits chimiques problématiques » présents dans les plastiques. La Coalition des hautes ambitions souhaite des mesures pour réduire ou éliminer progressivement ces substances nocives, sur la base de critères mesurables. Une position soutenue par 95 pays lors de la dernière session plénière. Les Fidji ont même prévenu qu’il n’y aurait « pas de traité sans une disposition sur les substances chimiques préoccupantes », qualifiant ce point de « non négociable ».

Mais là encore, certains États freinent des quatre fers, arguant que les réglementations nationales et internationales existantes suffisent à encadrer ces toxines. Une position sans doute influencée par la présence massive de lobbyistes des industries pétrolières et chimiques aux négociations, révélée par le Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL).

Financement : qui paiera la note ?

Mettre en œuvre un traité ambitieux, notamment en matière de collecte, de tri et de recyclage des déchets plastiques, aura un coût. Un coût que les pays en développement affirment ne pas pouvoir assumer seuls. Les négociations ont notamment porté sur la création d’un fonds multilatéral dédié, dans la lignée des âpres discussions sur le financement lors de la COP27 sur le climat.

Mais le consensus semble loin d’être acquis, comme en témoigne le dernier projet d’accord truffé de formulations contradictoires sur qui devra payer, et comment. Les pays en développement estiment que les nations riches, qui ont historiquement tiré profit de la production de plastique, doivent mettre la main au portefeuille. Un argument balayé par les pays développés, qui soulignent que l’essentiel de la production actuelle se fait dans les pays émergents.

Règles mondiales ou objectifs nationaux ?

Faut-il des règles mondiales contraignantes, imposant les mêmes normes à tous ? Ou plutôt laisser chaque pays fixer ses propres objectifs ? C’est un autre point de friction majeur. L’UE a d’emblée prévenu qu’elle ne soutiendrait pas « un traité dans lequel chaque partie ne ferait que ce qu’elle juge nécessaire ». Mais à l’inverse, certains pays font valoir que les écarts de développement et de capacités rendent des normes uniformes déraisonnables.

L’Iran a ainsi proposé un « comité d’évaluation » qui suivrait les progrès réalisés, mais sans jamais « surveiller le respect des normes ». Une vision aux antipodes de celle des partisans d’un accord ambitieux et juridiquement contraignant.

Au final, malgré quelques avancées, ces négociations ont surtout révélé l’ampleur du fossé qui sépare encore les différentes parties. Réduire la production de plastique, bannir les substances toxiques, financer la dépollution, adopter des règles communes… Autant de défis majeurs qui devront être surmontés pour espérer l’adoption d’un traité mondial d’ici 2025. Un traité plus que jamais nécessaire face à une pollution plastique galopante, mais qui se heurte encore à de puissants intérêts économiques et à de profondes divergences entre États.

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