Plus d’un an après le début d’une guerre dévastatrice, les négociations laborieuses en vue d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas n’ont débouché sur aucune solution politique pour l’avenir de la bande de Gaza. La reconstruction de ce territoire palestinien dévasté et son mode de gouvernance soulèvent de nombreuses interrogations.
Une situation humanitaire et matérielle critique
Selon les estimations des Nations unies, plus de la moitié du bâti a été détruit à Gaza lors des affrontements. Sa reconstruction pourrait prendre jusqu’à 15 ans et coûter plus de 50 milliards d’euros. Les dégâts sur les infrastructures, notamment le réseau de distribution d’eau, sont considérables.
La population de 2,4 millions d’habitants, dont la quasi-totalité a été déplacée au moins une fois, vit dans des conditions très précaires. La plupart des enfants sont déscolarisés depuis plus d’un an et seuls quelques hôpitaux fonctionnent encore partiellement. La pauvreté, le chômage et un blocus israélien imposé depuis 2006 aggravent encore la situation.
Des défis immenses pour une future administration
D’après Xavier Guignard, spécialiste des questions palestiniennes, « l’Autorité palestinienne ne dispose pas des ressources nécessaires » pour gérer cette crise et devra s’appuyer sur des bailleurs extérieurs. Or les monarchies du Golfe, contributeurs habituels, posent désormais leurs conditions.
Les plans de reconstruction de Gaza sont systématiquement bâtis sur l’idée que les pays du Golfe accepteront d’y contribuer. Or ces pays répètent que l’ère de ces financements sans contrepartie est terminée.
Xavier Guignard, chercheur spécialiste de la Palestine
Selon plusieurs sources diplomatiques, ces États exigeraient la mise en place d’un processus politique visant à la création d’un État palestinien en préalable à leur engagement financier, une « ligne rouge » pour Israël. Un vrai casse-tête en perspective pour les acteurs impliqués.
Quelle gouvernance pour Gaza ? Le point de vue palestinien
Côté palestinien, un consensus semble se dégager autour d’un comité de personnalités apolitiques chargé d’administrer Gaza, sous la supervision de l’Autorité palestinienne. Mais le président Mahmoud Abbas traîne des pieds, craignant de perdre du soutien financier et exigeant un contrôle sécuritaire total sur le territoire.
Pourtant, le Hamas, qui contrôlait Gaza avant la guerre, dit aujourd’hui ne pas tenir à l’administrer directement. En 2014 déjà, après un précédent conflit, le mouvement islamiste affaibli avait laissé un comité extérieur gérer la reconstruction, privilégiant l’intérêt de la population.
La position israélienne : sécurité et incertitudes
Du côté israélien, les déclarations sont contradictoires. Si l’ancien ministre de la Défense disait ne pas souhaiter qu’Israël administre Gaza, son successeur revendique une « liberté d’action totale » de l’armée sur place. L’extrême-droite pousse même à un retour des colons, évacués en 2005.
Une force internationale aux contours flous, impliquant certains pays arabes et Occidentaux, est aussi évoquée dans les médias israéliens. Une option accueillie avec prudence côté palestinien.
Un équilibre fragile à trouver pour l’avenir de Gaza
Dans ce contexte tendu, un retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, via l’ouverture du point de passage de Rafah vers l’Égypte, fait l’objet d’intenses tractations. Une condition préalable à une reconstruction d’ampleur et à une stabilisation de long terme.
Mais les enjeux politiques pourraient vite reprendre le dessus. Entre exigences sécuritaires d’Israël, rivalités palestiniennes et lassitude des bailleurs de fonds, l’avenir de Gaza, au cœur du conflit israélo-palestinien, s’annonce pour le moins incertain. Seule certitude, l’urgence d’agir pour épargner de nouvelles souffrances à une population déjà durement éprouvée.