Le changement climatique n’en finit pas de nous surprendre, et malheureusement pas toujours en bien. Alors que les scientifiques alertent depuis des années sur les conséquences du réchauffement global, une nouvelle tendance inquiétante se confirme : l’intensification des cyclones tropicaux. Si leur nombre n’augmente pas significativement, leur puissance, elle, s’accroît dangereusement. Un constat alarmant qui soulève de nombreuses questions.
Des vents de plus en plus violents
Depuis 1980, on recense en moyenne 47 cyclones tropicaux par an à travers le monde. Un chiffre relativement stable au fil des décennies. Mais derrière cette apparente constance se cache une réalité bien plus préoccupante. Car si le nombre de cyclones n’explose pas, leur intensité, elle, ne cesse de croître.
Selon une analyse d’une base de données de référence, la proportion de cyclones de catégorie 4 et 5, les plus puissants et dévastateurs, a presque doublé en 40 ans. Des vents moyens qui dépassent désormais régulièrement les 250 km/h, contre 225 km/h auparavant. Une différence qui peut sembler minime, mais dont l’impact au sol est considérable.
Si le changement climatique est à suspecter pour ces évolutions, ne nous trompons pas, les catastrophes générées sont largement dues à la pauvreté, à la vulnérabilité et au manque de protection des populations touchées.
Robert Vautard, climatologue et haut responsable du GIEC
2024, une saison cyclonique intense
L’année 2024 illustre parfaitement cette tendance lourde. Au 15 décembre, pas moins de 42 cyclones tropicaux ont été recensés, dont 19 ayant touché terre. C’est dans le Pacifique Ouest que l’activité a été la plus forte, avec 15 typhons, dont 6 rien qu’en novembre aux Philippines. Des tempêtes d’une rare violence qui ont dévasté une partie de l’Asie du Sud-Est.
L’Atlantique n’a pas été épargné, avec notamment l’ouragan Milton qui a frappé les côtes américaines en octobre. Des vents à 278 km/h qui ont provoqué d’importants dégâts. Plus près de nous, le cyclone Chido a ravagé Mayotte en décembre, passant de la catégorie 3 à 4 sous l’influence du réchauffement des eaux, d’après une étude préliminaire.
Le lourd tribut des populations vulnérables
Derrière ces chiffres et ces noms de tempêtes se cachent de terribles réalités humaines. Car ce sont souvent les populations les plus pauvres et les moins bien préparées qui payent le plus lourd tribut lors du passage des cyclones. Des habitations précaires balayées par les vents, des vies emportées par les inondations, des cultures dévastées menaçant la sécurité alimentaire…
Autant de drames qui se jouent loin des caméras, quand les secours peinent à arriver sur place. Une situation aggravée par le manque criant d’infrastructures adaptées et de moyens d’alerte dans de nombreux pays en développement, première ligne face aux cyclones.
S’adapter au risque cyclonique
Face à ce défi climatique majeur, la communauté internationale tente de réagir. De grands programmes d’aide au développement sont mis en place pour renforcer la résilience des zones exposées:
- Construction d’abris anticycloniques
- Systèmes d’alertes précoces
- Sensibilisation des populations
- Restauration des écosystèmes côtiers (mangroves, récifs)
Des initiatives indispensables mais encore trop limitées au regard de l’immensité de la tâche. Car au-delà de la nécessaire adaptation, c’est bien notre capacité à enrayer le réchauffement climatique qui sera déterminante pour contenir la menace cyclonique.
Un constat inquiétant quand on sait que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître malgré les alertes répétées des scientifiques. Le temps presse, et chaque dixième de degré compte pour éviter le pire. Espérons que le réveil ne sera pas trop tardif, pour tous ceux déjà en première ligne face à la furie des cyclones.
