Le lancement ce week-end des cryptomonnaies « Trump » et « Melania » par le couple présidentiel américain ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté des devises numériques. Pour beaucoup d’experts, ces nouveaux actifs renvoient à l’image sulfureuse dont peine à se défaire le milieu crypto, souvent associé à la pure spéculation et aux arnaques.
Des « Meme Coins » Présidentiels qui Divisent
Le « Trump coin » et le « Melania token » appartiennent à la catégorie très controversée des « meme coins ». Ces cryptomonnaies visent à surfer sur la popularité d’un personnage public, d’un mouvement viral ou d’un phénomène Internet, sans proposer de réelle utilité transactionnelle ou économique. Elles sont généralement perçues comme des actifs purement spéculatifs.
Lancé en premier, le « Trump coin » valait environ 46 dollars mardi soir, pour une capitalisation totale dépassant les 9 milliards de dollars. Sur les 1 milliard de jetons prévus, 200 millions ont déjà été mis en circulation. Les 800 millions restants seraient entièrement détenus par Donald Trump et ses associés, ce qui pourrait gonfler la fortune de l’ancien président de 36 milliards de dollars supplémentaires au cours actuel.
Le « Melania Token » Suit de Près
Sans surprise, la First Lady Melania Trump a elle aussi lancé sa propre cryptomonnaie dans la foulée. Preuve de l’engouement suscité par ces lancements, même le pasteur ayant prononcé la prière lors de l’investiture de Donald Trump a rapidement commercialisé son « meme coin ».
Des Réactions Mitigées des Experts Crypto
Ces initiatives font grincer des dents chez de nombreux acteurs de l’écosystème crypto. L’entrepreneur Erik Voorhees a qualifié le « Trump coin » de « stupide et gênant » sur X (ex-Twitter). L’avocat pro-crypto John Deaton s’est lui aussi montré très critique :
Je ne suis pas fan de ces « meme coins » Trump, à moins que tout le produit aille aux victimes d’ouragans ou d’incendies, et que des garde-fous soient mis en place pour éviter des conflits liés à des intérêts étrangers.
D’autres experts adoptent un ton plus nuancé, à l’image de Mike Cahill de Douro Labs qui voit dans ces projets le reflet de « la nature ludique et expérimentale de l’univers crypto ». Il souligne que les « meme coins » font partie intégrante de la culture crypto et peuvent attirer de nouveaux publics. Kevin Boon de Mysten Labs met toutefois en garde contre les risques :
Les gens peuvent perdre beaucoup d’argent […] Cela a déjà engendré un retour de bâton de certains élus au Congrès opposés à l’idée de donner toute légitimité à cette technologie.
Des Valorisations Volatiles et des Risques d’Arnaques
Les « meme coins » sont connus pour leurs valorisations extrêmement instables. Il n’est pas rare de voir leur prix s’effondrer brutalement après un engouement initial. Ce segment du marché crypto a aussi été régulièrement le théâtre de manipulations et d’escroqueries, entachant la réputation de l’ensemble du secteur.
Pour Kevin Boon, l’émergence de cryptomonnaies comme celles des Trump est préoccupante car elles réduisent toute l’industrie à « du trading spéculatif et à haut risque ». Elles donnent aussi des arguments aux détracteurs des crypto-actifs qui y voient principalement des outils propices aux dérives.
Un Défi pour la Crédibilité des Cryptomonnaies
Au-delà de l’anecdote, la controverse autour des « Trump coins » illustre le défi permanent auquel est confronté le milieu des cryptomonnaies pour asseoir sa crédibilité. Malgré les efforts de structuration et de régulation ces dernières années, le secteur peine encore à se défaire de son image d’eldorado pour la criminalité financière et la spéculation effrénée.
L’émergence régulière de nouveaux « meme coins », propulsés par des célébrités en quête de buzz, vient rappeler la relative immaturité qui caractérise encore une partie de l’écosystème. Un constat dommageable alors que l’industrie cherche à convaincre le grand public et les régulateurs du bien-fondé et du sérieux de ses innovations.
Il reviendra donc aux acteurs les plus établis du secteur de continuer à poser les bases d’un développement durable, au-delà de l’effet de mode des cryptos présidentielles. Un défi de tous les instants pour une industrie jeune qui doit encore faire ses preuves si elle veut s’imposer comme une composante à part entière et respectable de la finance du 21ème siècle.
