Ce dimanche, les Croates sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Un scrutin qui semble promis au président sortant, le socialiste historique Zoran Milanovic, qui devance largement ses rivaux dans les sondages avec plus de 30% des intentions de vote. Cependant, cela ne devrait pas suffire pour l’emporter dès le premier tour.
Milanovic favori, mais un second tour probable
Selon les dernières études d’opinion, Zoran Milanovic devrait affronter au second tour Dragan Primorac, le candidat du HDZ, le parti de droite conservateur actuellement au pouvoir. Malgré des pouvoirs restreints, le président croate est perçu comme un vecteur de stabilité et un rouage essentiel au bon fonctionnement des institutions dans ce pays de 3,8 millions d’habitants, membre de l’Union européenne depuis 2013.
Le président, garant de stabilité malgré des pouvoirs limités
Bien que ses prérogatives soient minimes, le président peut beaucoup influer sur la vie politique croate, comme l’explique Davor Faget, un diplomate à la retraite :
Il faut que ce soit quelqu’un de digne, et qui connait son sujet.
Davor Faget, diplomate à la retraite
M. Faget espère d’ailleurs voir Zoran Milanovic remporter un second mandat. Dans un pays secoué par de nombreux scandales de corruption impliquant des responsables politiques ces dernières années, le président sortant joue la carte de la résistance face à une droite présentée comme corrompue.
Un duel au sommet entre président et premier ministre
L’élection présidentielle s’apparente ainsi à un duel entre deux hommes : Zoran Milanovic et son rival de toujours, l’actuel Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic. Un affrontement devenu habituel sur la scène politique croate, comme le souligne l’analyste politique Tihomir Cipek :
Ce duel entre le Premier ministre et le président est une constante de la politique croate depuis une décennie.
Tihomir Cipek, analyste politique
Les échanges musclés entre les deux camps sont donc monnaie courante dans cette campagne. Dragan Primorac, le candidat du HDZ, n’a pas hésité à fustiger un pays « déshonoré par l’action du président », l’accusant de fainéantise et d’aimer la discorde. En retour, Zoran Milanovic a pointé du doigt un Premier ministre qui serait « un danger pour la démocratie croate » à la tête d’un parti gérant « la Croatie de façon irresponsable ».
Lassitude et inquiétudes dans l’électorat
Face à ces querelles incessantes, les électeurs croates expriment une certaine lassitude. Beaucoup jugent les programmes des candidats médiocres et regrettent une campagne focalisée sur les invectives plutôt que sur des propositions constructives, à l’image de Katarina Kozul Baranovic, une designer de 48 ans qui votera « pour le moins pire ».
Les jeunes électeurs, eux, s’inquiètent pour leur avenir dans un pays qui a vu partir 400.000 de ses citoyens depuis son adhésion à l’UE en 2013. Accéder à un logement, trouver un emploi, fonder une famille… autant de perspectives qui semblent compromises pour cette génération. Un pessimisme qui pourrait expliquer une certaine démobilisation, comme le confie Iva Jurisic, étudiante de 18 ans :
Peut-être que c’est pour ça qu’on vote peu. Parce qu’on est fatalistes. Nous n’attendons pas grand chose.
Iva Jurisic, étudiante de 18 ans
Malgré ce climat morose, les Croates sont appelés à faire un choix crucial ce dimanche pour l’avenir de leur pays. Un choix qui pourrait voir la reconduction de Zoran Milanovic à la tête de l’État, à moins d’un retournement de situation au second tour. Les jeux restent ouverts, mais une chose est sûre : le président élu devra œuvrer à rassembler une société croate divisée et en quête de repères.
