Les clubs de jeux parisiens se retrouvent pris dans la tourmente politique actuelle. Alors que le gouvernement souhaitait pérenniser leur existence, la censure et l’absence de budget 2025 risquent d’entraîner leur fermeture au 31 décembre, mettant en péril 1500 emplois.
Une expérimentation prolongée qui tombe à l’eau
Ouverts en janvier 2018 dans le cadre d’une expérimentation de 3 ans, les sept clubs de jeux de la capitale avaient vu leur autorisation prolongée une première fois jusqu’à fin 2022, puis une seconde fois durant le Covid jusqu’au 31 décembre 2024. Le gouvernement prévoyait une nouvelle prolongation d’un an via l’article 28 du projet de loi de finances 2025.
Mais la dissolution de l’Assemblée nationale en juin et la motion de censure ayant fait tomber le gouvernement en décembre rendent très incertaine l’adoption d’un budget 2025 dans les temps. Par ricochet, la prolongation des clubs de jeux ne pourra pas être intégrée.
1500 emplois directs menacés
Cette situation plonge les exploitants des clubs dans l’incertitude. Reçus en début de semaine par le service central des courses et jeux, ils ont appris l’interdiction d’exercer leur activité à partir du 1er janvier prochain, pour une durée indéterminée.
La nouvelle est pour nous un choc. La situation est inédite et insensée. Des centaines d’emplois sont menacés. Nous demandons au futur gouvernement de trouver une solution au plus vite.
Grégory Rabuel, directeur général du groupe Barrière
Au total, ce sont 1500 emplois directs qui sont en jeu, sans certitude sur leur éligibilité au chômage partiel. Selon Romain Tranchant, président du groupe Tranchant, les clubs adossés à des groupes pourront tenir quelques mois mais les indépendants risquent le dépôt de bilan.
50 millions d’euros de recettes fiscales en danger
Au-delà de l’impact social, c’est aussi un manque à gagner fiscal important qui se profile. D’après le groupe Barrière, les clubs rapportent chaque année 50 millions d’euros aux pouvoirs publics, répartis entre l’État (40 millions) et la mairie de Paris (10 millions).
Pour rouvrir, il faudrait déposer une nouvelle proposition de loi, ce qui prendra du temps. Mais la priorité est d’abord d’avoir un gouvernement stable, souligne Romain Tranchant.
Un avenir incertain pour le secteur des jeux
Cette fermeture forcée des clubs parisiens intervient à un moment charnière pour l’industrie des jeux en France. Après plusieurs années de croissance, le secteur doit faire face à un contexte économique et réglementaire de plus en plus tendu.
La crise du Covid avait déjà fortement impacté les casinos et clubs de jeux, contraints de fermer durant de longs mois. S’y ajoutent maintenant des velléités de durcissement des règles sur les jeux d’argent de la part de certains députés et associations.
Dans ce climat hostile, la brutale remise en cause de l’expérimentation parisienne fait figure de mauvais signal envoyé à toute la filière. Les opérateurs craignent un effet domino sur les autres clubs en régions et les casinos.
Un espoir de revirement in extremis
Les exploitants des clubs parisiens veulent encore croire en un sursaut du gouvernement pour sauver leurs établissements et leurs emplois. Ils misent notamment sur le soutien de la mairie de Paris, qui a toujours défendu l’expérimentation.
Mais le temps presse. Sans proposition de loi votée d’ici fin décembre, les clubs devront se résoudre à baisser le rideau, peut-être définitivement. Un coup dur pour des établissements qui avaient su trouver leur place dans le paysage des loisirs de la capitale.
Cette fermeture forcée serait aussi vécue comme une injustice par les salariés, qui ont cru en ce projet novateur et se sont investis pour en faire un succès. Ils paient aujourd’hui le prix fort de l’instabilité politique du pays.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’avenir des clubs de jeux parisiens. Entre négociations de dernière minute et pression médiatique, tous les espoirs sont encore permis. Mais l’horizon s’est clairement obscurci pour ce secteur en pleine reconstruction.