Culture

Les Brigands revivent à l’Opéra de Paris : Offenbach toujours d’actualité

Plongez dans l'univers déjanté et pétillant des Brigands d'Offenbach, revisités par Barrie Kosky à l'Opéra Garnier. Quand l'opérette du 19e siècle fait écho à notre époque...

Mais qui se cache derrière ces brigands hauts en couleur qui ont investi la scène de l’Opéra Garnier ? C’est la joyeuse troupe des Brigands de Jacques Offenbach, opéra bouffe en trois actes créé en 1869, qui fait un retour fracassant dans une mise en scène signée Barrie Kosky. Ce metteur en scène australien, habitué des productions d’Offenbach, insuffle une énergie folle et un humour décapant à cette œuvre satirique, qui n’a pas pris une ride depuis le Second Empire.

Des dialogues actualisés qui font mouche

Si la musique pétillante d’Offenbach est intégralement conservée, les dialogues parlés, eux, ont été réécrits par Antonio Cuenca Ruiz pour coller à l’air du temps. Et ça déménage ! Les références à l’actualité fusent, avec une liberté de ton réjouissante. L’une des répliques les plus savoureuses ? “Raconte-moi une histoire de voleurs. – D’accord: il était une fois un ancien banquier devenu président. – Et après? – C’est tout.” On vous laisse deviner de qui on parle…

L’humour est partout, tantôt potache, tantôt grinçant, et toujours efficace. On rit beaucoup, et ça fait un bien fou !

Une distribution déjantée et multiculturelle

Pour incarner cette bande de brigands au grand cœur, Barrie Kosky a réuni une troupe d’artistes venus des quatre coins du monde, avec une énergie communiquante :

  • Le baryton britannique Christopher Purves campe avec gouaille le chef des brigands, Falsacappa
  • La soprano allemande Marlis Petersen électrise la scène en Fragoletto, fille de Falsacappa
  • Le ténor français Stanislas de Barbeyrac apporte une touche de romantisme en brigand-gentilhomme

Tous s’en donnent à cœur joie dans cette production haute en couleur, alternant numéros burlesques, clins d’œil appuyés au public et intermèdes dansés délirants.

Un décor aussi fou que les personnages

Le décor et les costumes, signés Rufus Didwiszus et Victoria Behr, participent pleinement à cette atmosphère joyeusement loufoque. Des couleurs saturées, des accessoires XXL, des tenues improbables : tout est fait pour accentuer le côté cartoon de l’ensemble. On pense parfois à l’univers barré d’un Monty Python ou d’un Mel Brooks, mais avec la fosse d’orchestre en bonus !

La musique d’Offenbach, reine de la soirée

Mais la vedette incontestée de la soirée reste la musique irrésistible de Jacques Offenbach. Sous la direction alerte de Stefan Soltesz, l’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Paris font honneur à cette partition foisonnante, avec ses airs à valser, ses ensembles enlevés et ses cabalettas virtuoses. Un vrai bonheur pour les oreilles !

Offenbach, c’est le génie des rythmes et de l’invention mélodique. À chaque page, on est bluffé par tant d’imagination et de drôlerie.

Stefan Soltesz, directeur musical

Une satire sociale et politique qui n’a pas vieilli

Au-delà de la pure comédie, Les Brigands proposent aussi une critique acerbe de la société. Corruption, magouilles financières, crédulité des foules… Tous les travers de l’époque sont épinglés. Mais à travers ce miroir déformant du 19e siècle, c’est bien notre monde contemporain qui transparaît en filigrane. La cible des flèches d’Offenbach pourrait être aujourd’hui certains de nos élus véreux, banquiers marrons ou influenceurs sans scrupule.

Mais comme dans tout bon opéra bouffe, l’histoire se termine bien, avec une pirouette espiègle. Sans trop dévoiler, disons que nos chers brigands trouveront une reconversion des plus honorables, tandis que les puissants corrompus finiront par terre. Un dénouement moral comme on les aime, qui souligne avec malice l’inversion des valeurs.

Le triomphe de l’esprit français

Plus qu’une simple pochade comique, cette production des Brigands s’affirme comme un spectacle total. Tous les ingrédients de l’opéra bouffe à la française sont là : des airs à fredonner, des situations absurdes, des dialogues qui font mouche, une distribution virtuose… Mais Barrie Kosky réussit à transcender la formule en y injectant une bonne dose de folie douce communicative.

Preuve, s’il en fallait, que l’esprit français façon Second Empire peut encore faire des étincelles sur une scène lyrique du 21e siècle. Entre rires et émotions, cette soirée festive à Garnier réconcilie avec bonheur le répertoire et la création, l’insolence et la poésie. Un opéra qui, décidément, ne vole rien à personne. Sauf peut-être quelques sourires au public !

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