Les places boursières asiatiques ont connu une séance agitée ce mardi 21 janvier, tentant tant bien que mal de digérer les déclarations fracassantes de Donald Trump au lendemain de son investiture. Le nouveau président américain a en effet annoncé son intention d’imposer dès le 1er février des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, deux des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Une menace qui a immédiatement fait dévisser les devises de ces pays face au billet vert.
Tokyo en dents de scie, pénalisée par un possible regain de tensions
Après avoir ouvert en forte hausse sur des espoirs d’une approche plus modérée qu’attendu de Trump sur le commerce international, la Bourse de Tokyo a brutalement fait machine arrière, les opérateurs s’inquiétant finalement d’une escalade des tensions. L’indice Nikkei a ainsi terminé la séance sur un timide gain de 0,13% après avoir perdu tous ses gains initiaux.
Selon les analystes, le marché japonais pourrait rester volatil dans les prochains jours, tiraillé entre la perspective de mesures de relance aux États-Unis et les craintes d’un protectionnisme accru. Tant que la politique économique de la nouvelle administration Trump ne sera pas clarifiée, les investisseurs peineront à trouver une direction claire.
Le dollar porté par la rhétorique protectionniste de Trump
En menaçant d’appliquer des droits de douane élevés, Donald Trump attise le spectre d’une guerre commerciale avec les principaux partenaires des États-Unis. Paradoxalement, ses déclarations musclées ont redonné des couleurs au billet vert, les cambistes anticipant une accélération de l’inflation américaine qui pousserait la Réserve fédérale à relever ses taux plus franchement.
Le dollar a ainsi bondi de 0,27% face à l’euro à 1,0387 dollar pour un euro. Il a également regagné du terrain face au yen à 154,81 yens malgré un accès de faiblesse passager.
En revanche, le peso mexicain et le dollar canadien, directement dans le collimateur de Trump, ont subi de lourdes pertes, chutant respectivement de 0,78% et 0,64% face au billet vert. Une tendance qui pourrait se poursuivre si les menaces venaient à se concrétiser.
Le bitcoin marque une pause après un nouveau record
Valeur refuge par excellence, le bitcoin n’a pas échappé à la volatilité ambiante. Après avoir tutoyé un nouveau sommet historique, porté par les promesses de dérégulation du secteur des cryptomonnaies formulées par Trump, la plus célèbre des devises virtuelles a marqué une pause, cédant 0,11% à 102.374 dollars.
Un répit de courte durée ? Beaucoup d’observateurs estiment que le bitcoin a encore une belle marge de progression, sur fond de méfiance envers les monnaies traditionnelles et d’appétit pour le risque des investisseurs. Mais gare au retour de bâton en cas de durcissement réglementaire!
Plongeon de Fuji TV, englué dans un scandale
Le groupe audiovisuel japonais Fuji Media a fini la séance sur une lourde perte de 2,71%. Sa chaîne Fuji TV est actuellement boycottée par une cinquantaine d’annonceurs, parmi lesquels de grandes marques comme Toyota ou McDonald’s. En cause: des allégations d’inconduite sexuelle visant un présentateur vedette et un manque de transparence de la direction sur cette affaire embarrassante.
Un véritable camouflet pour ce poids lourd des médias nippons, qui tente désespérément d’éteindre l’incendie en multipliant les excuses publiques. Mais le mal est fait et l’image du groupe durablement écornée. De quoi plomber les résultats financiers à venir …
La Chine entre deux eaux, Hong Kong résiste
Les places boursières de Chine continentale sont apparues hésitantes, tiraillées entre l’optimisme suscité par les promesses de relance de Trump et l’inquiétude de se voir imposer des barrières commerciales. Shanghai a cédé 0,32% et Shenzhen 0,47%.
Hong Kong a mieux résisté, soutenue par le retour en grâce du promoteur immobilier Country Garden après 9 mois de suspension. Le titre s’est envolé de 25% après l’annonce d’un possible accord avec ses créanciers. L’indice Hang Seng a finalement grappillé 0,80%.
Le pétrole peine à rebondir malgré les annonces de Trump
Les cours du brut sont restés proches de l’équilibre, ne profitant guère des promesses de Trump de faire de l’énergie une priorité nationale. Le nouveau locataire de la Maison Blanche a beau promettre de déréguler en profondeur le secteur pour doper la production, les marchés craignent surtout un gonflement massif de l’offre qui pèserait sur les prix.
Le baril de Brent de la mer du Nord évoluait ainsi autour des 80 dollars, en très légère progression de 0,01%. Trop peu pour espérer un franc rebond des valeurs pétrolières, qui ont compté parmi les plus fortes baisses du jour en Asie.
Prudence et volatilité devraient rester de mise
Au final, cette première séance post-investiture laisse les marchés asiatiques dans le flou et l’expectative. Si certaines annonces de Trump peuvent laisser espérer un coup de fouet à la croissance américaine et mondiale, ses penchants protectionnistes font peser le risque d’une guerre commerciale dévastatrice.
Dans ce contexte d’incertitude maximale, la prudence et la volatilité devraient rester les maîtres mots des prochaines séances. Les investisseurs scruteront le moindre tweet ou la moindre déclaration de la nouvelle administration américaine pour tenter d’y voir plus clair. En espérant que Donald Trump saura joindre les actes à la parole …
