Imaginez une bombe capable de traverser des mètres de béton armé pour atteindre sa cible. C’est exactement ce qu’Israël a employé vendredi dernier pour éliminer Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, dans son abri souterrain au cœur de Beyrouth. Cette frappe, utilisant des bombes anti-bunker d’une puissance dévastatrice, marque un nouveau chapitre dans le conflit qui oppose depuis des décennies l’État hébreu au mouvement chiite libanais.
Qu’est-ce qu’une bombe anti-bunker ?
Conçues pour pénétrer des cibles fortifiées et enterrées, les bombes anti-bunker sont munies d’une ogive renforcée et d’un système de guidage précis. Selon les informations disponibles, Israël aurait utilisé deux modèles américains : la MK-84, d’une masse de 900 kg dont 400 kg d’explosifs, et la BLU-109, pesant plus de 900 kg avec 240 kg d’explosifs.
Le nez renforcé de ces bombes leur permet de percer le béton, tandis que leur guidage par satellite assure une précision chirurgicale. Larguées à haute altitude, elles atteignent une vitesse supersonique avant l’impact, concentrant une énergie phénoménale sur une zone réduite.
83 tonnes de munitions ont été larguées en 10 secondes sur l’abri de Nasrallah, selon Tsahal.
Armée israélienne
Une arme éprouvée sur les théâtres d’opérations
Bien que leur utilisation fasse débat, les bombes anti-bunker ont déjà été déployées lors de plusieurs conflits :
- Guerre du Golfe de 1991
- Irak en 2003
- Plusieurs frappes israéliennes à Gaza en 2014 et 2021
Leur livraison à Israël avait été suspendue en mai 2024 par les États-Unis suite à des frappes controversées sur Rafah, avant de reprendre récemment sur fond de tensions croissantes avec le Hezbollah.
Une frappe d’une ampleur inédite
Pour atteindre Nasrallah, Tsahal a engagé des moyens considérables. Huit avions auraient été mobilisés, larguant simultanément leurs bombes de 900 kg sur le même point pour percer les multiples niveaux de l’abri souterrain.
Le secrétaire général du Hezbollah se terrait dans ce bunker avec une partie de son état-major depuis le début des tensions il y a plusieurs semaines. Malgré son infrastructure enterrée et fortifiée, il n’a pu échapper à la puissance de feu combinée des bombes anti-bunker israéliennes.
Les dégâts collatéraux d’une frappe “chirurgicale”
Si la frappe a atteint son objectif, elle a aussi causé des dégâts considérables dans le quartier résidentiel dense où se situait l’abri de Nasrallah. Selon la chaîne américaine CNN, au moins six immeubles entiers se seraient effondrés sous le souffle des explosions.
Le bilan humain reste incertain à ce stade, mais il est à craindre que des civils aient péri dans ces destructions massives, malgré la précision des armes employées. Une situation qui risque d’attiser encore davantage les tensions dans la région.
Vers une escalade du conflit ?
L’élimination de Hassan Nasrallah représente indéniablement un coup dur pour le Hezbollah. Mais elle pourrait aussi servir de catalyseur à une escalade militaire entre le mouvement chiite et Israël.
Déjà, les tirs de roquettes depuis le sud du Liban vers le nord d’Israël se sont intensifiés ces dernières 24 heures. Tsahal a répliqué par des bombardements sur des positions présumées du Hezbollah, faisant craindre un embrasement généralisé.
La communauté internationale appelle les deux parties à la désescalade. Mais dans ce contexte, il est difficile de prédire jusqu’où ira ce nouveau cycle de violences. Une chose est sûre : avec leur capacité de destruction et l’absence de solution politique, les bombes anti-bunker risquent de continuer à écrire l’histoire tourmentée de cette région.
