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Les Bleues Impressionnantes Malgré les Absences au Mondial

Privées de cinq cadres majeures, les Bleues viennent d’écraser Tunisie et Chine avec plus de 40 buts d’avance chacune. Un collectif flamboyant, des ailières en feu, des gardiennes solides… Tout semble prêt pour le choc contre la Pologne. Mais tiendront-elles la distance face à une Pologne revancharde ?

Imaginez une équipe championne du monde qui perd cinq de ses cadres juste avant le tournoi le plus important de l’année. Panique à bord ? Pas du tout. Les Bleues arrivent au Mondial 2025 amputées, mais elles jouent plus vite, plus fort, et surtout plus ensemble que jamais. Deux premiers matchs, deux cartons (43-18 et 47-21), et une impression qui commence à se dessiner : cette génération-là est peut-être en train d’écrire quelque chose de grand.

Un collectif qui compense brillamment les absences

Quand on dresse la liste des absentes, on a le vertige : Chloé Valentini, Laura Flippes, Estelle Nze Minko (en congé maternité), Laura Glauser (hernie discale) et Grace Zaadi (blessée à la cuisse). Cinq joueuses qui formaient l’ossature des derniers titres majeurs. Pourtant, dès le premier match contre la Tunisie, puis face à la Chine, on a vu autre chose qu’un plancher : une équipe libérée, agressive, et terriblement efficace.

Le sélectionneur Sébastien Gardillou le répète depuis des semaines : « On va jouer plus vite, plus direct. » Promesse tenue. Les Bleues imposent un rythme infernal, récupèrent des ballons haut et filent en contre-attaque comme jamais. Résultat ? Une efficacité globale aux tirs qui frôle les 90 % sur les deux premiers matchs. Du jamais-vu à ce niveau.

Les gardiennes prennent le pouvoir

Laura Glauser, la patronne habituelle des cages, regarde le tournoi depuis chez elle. Qu’à cela ne tienne. Hatadou Sako endosse le costume de numéro 1 avec autorité, Floriane André et Camille Depuiset se partagent le reste du temps et brillent toutes les deux.

« C’est mon premier Mondial, il y a un peu de stress, mais je suis contente de ce que je produis », confie Floriane André, déjà décisive en relance.

Camille Depuiset, troisième gardienne dans la hiérarchie, ajoute : « J’aborde tout ça avec beaucoup de reconnaissance. Il y a quelques mois, je n’aurais jamais pensé être là. » Cette concurrence saine profite à tout le monde et offre à Gardillou trois options fiables pour la suite.

Méline Nocandy, la nouvelle tour de contrôle

Estelle Nze Minko absente, il fallait quelqu’un pour organiser le trafic défensif en pointe avancée. Méline Nocandy a levé la main, et haut. Positionnée en vigie dans les systèmes 1-5 ou 2-4, elle harcèle, récupère, et relance à toute vitesse.

Décalée également sur le poste d’arrière gauche pour apporter de la vitesse aux côtés d’Orlane Kanor, elle multiplie les rôles sans jamais sembler perdue. « Ça me fait un peu plus de cardio, rit-elle, mais je prends encore plus de plaisir car ça fonctionne. » Quand on voit le sourire sur son visage après chaque interception, on comprend que la métamorphose.

Des ailières en état de grâce

Parlons-en, des ailières. Alicia Toublanc, Lucie Granier, Nina Dury et Suzanne Wajoka volent sur les ailes. Leur vitesse d’exécution laisse les défenses adverses sur place. Les chiffres sont hallucinants :

  • Suzanne Wajoka : 17 tirs, 17 buts
  • Lucie Granier : 12/12
  • Alicia Toublanc : 8/9
  • Nina Dury : 8/9

Soit 89,5 % de réussite cumulée. Sébastien Gardillou savoure : « On impose le jeu sur grand espace. On n’est pas attentistes, on cherche à récupérer plutôt que protéger. Avec une vitesse de déplacement des ailières extraordinaire. » On n’avait rarement vu les Bleues aussi tranchantes sur les extérieurs.

Le pivot enfin à trois têtes

Pauletta Foppa reste la référence mondiale au poste, mais elle n’est plus seule. Oriane Ondono explose cette saison à Brest et apporte une nouvelle dimension physique. Sarah Bouktit, enfin titularisée régulièrement à Metz, montre toute l’étendue de son talent.

Le trio tourne à plus de 83 % de réussite. Gardillou justifie l’intégration de Bouktit : « Sa relation avec Léna Grandveau en base arrière est évidente. » Résultat, les pivots ne sont plus seulement des finisseuses, elles créent aussi des brèches pour les arrières.

Tamara Horacek, capitaine et métronome

En l’absence de plusieurs leaders historiques, Tamara Horacek a pris le brassard et la mène du jeu avec une autorité naturelle. Associée à la jeune Léna Grandveau en demi-centre, elle dicte le tempo et rassure tout le monde.

« On sait que contre la Pologne ce sera un autre niveau. Je me souviens d’une Golden League où on avait pris 16-22… Mais je nous sens prêtes à entrer dans le combat. »

Son expérience et sa vista permettent aux Bleues de varier les schémas sans jamais perdre le fil.

France – Pologne : le vrai test arrive

Mardi soir à 21 heures, les Bleues affronteront leur premier vrai test. La Pologne, également invaincue, reste sur une victoire convaincante et compte dans ses rangs des joueuses comme Monika Kobylinska capables de faire très mal à longue distance.

Les souvenirs de la large victoire française à l’Euro 2024 (35-22) sont encore frais, mais les Polonaises auront à cœur de prendre leur revanche. Ce match déterminera aussi qui emportera le maximum de points au tour principal à Rotterdam.

Si les Bleues reproduisent la même intensité défensive et la même vitesse en transition, elles ont toutes les chances de continuer leur sans-faute. Dans le cas contraire, les premières failles d’un collectif encore en rodage pourraient apparaître.

Pourquoi ce Mondial peut être celui de la confirmation

Ce qui frappe, au-delà des scores fleuves contre des adversaires modestes, c’est l’attitude. Les remplaçantes ne jouent pas petit bras : elles prennent des responsabilités, tentent, osent. Le banc applaudit chaque action, les cadres historiques regardent ça de loin avec le sourire.

Cette génération intermédiaire – Horacek, Nocandy, Foppa, Kanor, Toublanc – prend le pouvoir au meilleur moment. Les plus jeunes – Grandveau, Depuiset, Wajoka, Dury – explosent sous le maillot bleu. Et quand les absentes reviendront (Zaadi espère bientôt, Nze Minko après sa maternité), l’équipe de France aura une profondeur de banc terrifiante.

Le handball français féminin vit peut-être sa plus belle transition depuis 2016-2018. Un mélange d’expérience, de talent brut et d’envie collective qui fait plaisir à voir.

Alors oui, la compétition ne fait que commencer. Oui, les gros morceaux arrivent (Pologne, puis probablement Norvège, Danemark ou Pays-Bas). Mais pour la première fois depuis longtemps, les Bleues donnent l’impression de pouvoir battre n’importe qui, quel que soit le contexte.

Le message est clair : même blessées, même rajeunies, même sous-estimées, elles restent candidates très sérieuses au titre. Le reste de la planète handball féminin est prévenu.

Rendez-vous mardi 21h pour France – Pologne
Le premier grand test d’un collectif qui fait déjà rêver

Allez les Bleues !

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