Un scandale vient d’éclater au sein de la prestigieuse école des Beaux-Arts de Nantes. La chambre régionale des comptes (CRC) des Pays de la Loire a en effet épinglé l’établissement pour avoir continué de verser, pendant des années, une « prime de service public » pourtant jugée irrégulière. Un rapport accablant, rendu public le 20 décembre dernier, qui jette une lumière crue sur les dérives de gestion au sein de cette institution artistique de renom.
Une prime illégale versée pendant cinq ans malgré les alertes
Tout commence en 2019, lorsque la chambre régionale des comptes signale pour la première fois le caractère illégal de cette fameuse « prime de service public », octroyée à l’ensemble du personnel de l’école des Beaux-Arts. Un avantage conséquent, de l’ordre de 1800 euros bruts par an et par agent, dont la suppression est alors fortement recommandée par les contrôleurs financiers.
Mais contre toute attente, non seulement la prime n’est pas supprimée, mais son versement est même reconduit par le conseil d’administration de l’école. Et ce, le jour-même où les conclusions du rapport de la CRC lui sont communiquées ! Un camouflet pour l’autorité de contrôle, dont les mises en garde sont royalement ignorées.
817 000 euros de primes irrégulières entre 2019 et 2024
Conséquence de ce statu quo : pendant cinq années supplémentaires, de 2019 à 2024, les agents de l’école des Beaux-Arts de Nantes continuent de percevoir leur prime annuelle. Le coût pour l’établissement public ? Pas moins de 817 000 euros selon les calculs de la chambre régionale des comptes. Une somme considérable, qui aurait dû être économisée si les recommandations de 2019 avaient été suivies.
Un « pacte social fondateur » invoqué par la direction
Interrogée sur les raisons de ce statu quo, la directrice de l’école des Beaux-Arts Rozenn Le Merrer a invoqué un « pacte social fondateur », datant de la création de l’établissement public en 2010. Selon elle, le maintien de la prime constituait « une condition essentielle d’acceptabilité » pour les agents amenés à changer de statut à l’époque. Un argument qui n’a visiblement pas convaincu les contrôleurs financiers.
Une régularisation tardive en février 2024
Il aura finalement fallu attendre février 2024, soit 5 ans après le premier rappel à l’ordre, pour que la situation soit enfin régularisée. C’est seulement à ce moment-là que le conseil d’administration de l’école a supprimé la prime litigieuse, après une énième « analyse juridique ». Une façon de mettre fin à une situation intenable, non sans avoir laissé le temps à la facture de s’alourdir considérablement.
L’école des Beaux-Arts de Nantes fragilisée financièrement
Au-delà de ce dossier des primes, c’est toute la gestion financière de l’établissement qui est pointée du doigt par la chambre régionale des comptes. Le rapport pointe une « absence de stratégie financière claire » et une dépendance quasi-exclusive aux subventions publiques, qui représentent 85% du budget de l’école. Des fragilités structurelles qui viennent s’ajouter à l’épisode peu glorieux des primes illégales.
Une affaire qui ternit l’image de cette école d’art renommée, inaugurée en grande pompe en 2017 dans un nouveau bâtiment ultra-moderne sur l’île de Nantes. Un joyau architectural mais un établissement dont les fondations financières semblent bien plus friables qu’il n’y paraît. Reste à savoir quelles seront les suites données à ce rapport accablant et si des sanctions seront prononcées contre les responsables de ces graves manquements.