C’est un véritable coup de théâtre dans le dossier brûlant de l’immigration clandestine aux États-Unis. Selon des informations obtenues par une source proche du dossier, l’équipe de Donald Trump aurait soumis une proposition choc à l’archipel des Bahamas : accueillir sur son sol les immigrants illégaux expulsés du territoire américain. Une requête aussi surprenante que problématique, qui a été rejetée sans appel par le gouvernement bahaméen.
Trump veut expulser massivement les clandestins, même dans des pays tiers
Le futur président des États-Unis, qui sera investi le 20 janvier prochain, avait fait de la lutte contre l’immigration illégale une promesse phare de sa campagne. Prompt à user d’une rhétorique incendiaire sur le sujet, il avait notamment accusé les migrants clandestins « d’empoisonner le sang américain ». Un discours aux accents xénophobes qui s’est traduit par un projet on ne peut plus concret : l’expulsion massive des sans-papiers vers des pays tiers, quand bien même ces derniers n’en seraient pas originaires.
C’est ainsi que l’équipe de transition de Donald Trump aurait dressé une liste noire des nations pressenties pour servir de terre d’accueil à ces migrants expulsés, dont feraient partie, outre les Bahamas, le Panama, la Grenade et les îles Turks-et-Caïcos. Un procédé qui n’est pas sans rappeler celui envisagé au Royaume-Uni sous le règne des conservateurs, qui avaient planché sur un plan d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda, avant que le projet ne soit abandonné par le gouvernement travailliste.
Les Bahamas opposent une fin de non-recevoir
Seulement voilà : c’était sans compter sur le refus catégorique de l’archipel des Bahamas. Dans un communiqué lapidaire, le gouvernement de cet État insulaire du Commonwealth a fait savoir qu’il rejetait en bloc la proposition américaine. « Les Bahamas n’ont tout simplement pas les ressources pour satisfaire une telle demande », a tranché le Premier ministre Philip Davis, mettant un point final aux velléités de l’administration Trump.
« Le gouvernement des Bahamas maintient sa position »
– Philip Davis, Premier ministre des Bahamas
Il faut dire que pour cet archipel de quelque 400 000 âmes, la pression migratoire et l’afflux de clandestins constituent déjà un véritable défi, entre problématiques sécuritaires et impératifs humanitaires. Dès lors, la perspective de devoir gérer un contingent supplémentaire de migrants expulsés, qui plus est dans des conditions juridiques pour le moins floues, a de quoi faire frémir.
La Maison Blanche garde le cap sur sa politique migratoire
Du côté de l’administration Trump, on reste droit dans ses bottes. Le président élu, qui a d’ores et déjà nommé aux postes clés des partisans d’une ligne dure sur l’immigration, semble déterminé à mettre en musique ses promesses de campagne. L’objectif affiché : reprendre le contrôle de la frontière américano-mexicaine et endiguer les arrivées record de migrants qui ont marqué la présidence de Joe Biden.
Mais dans les faits, la tâche s’annonce ardue, entre impératifs diplomatiques, contraintes logistiques et écueils juridiques. Car si l’idée d’« externaliser » le problème migratoire en expulsant les clandestins vers des pays tiers peut paraître séduisante sur le papier, sa mise en œuvre concrète se heurte à de nombreux obstacles, comme vient de le démontrer le refus cinglant des Bahamas.
Vers une impasse diplomatique ?
Reste à savoir quelle sera la réaction de Donald Trump face à ce premier revers. Le tempétueux milliardaire, peu réputé pour son sens du compromis, pourrait être tenté de monter d’un cran la pression sur ses interlocuteurs, au risque de se mettre à dos la communauté internationale. À moins qu’il ne finisse par revoir sa copie et par emprunter des voies plus consensuelles pour régler l’épineuse question migratoire.
Une chose est sûre : le dossier de l’immigration clandestine s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus brûlants de la future présidence Trump. Entre rhétorique enflammée, promesses chocs et jeu diplomatique complexe, le 45e président des États-Unis n’a pas fini de faire parler de lui sur ce terrain miné. Avec, en toile de fond, l’inquiétude grandissante des défenseurs des droits de l’homme, qui redoutent une politique migratoire toujours plus répressive et déshumanisée.