Dans la Syrie d’après-guerre, les nouvelles autorités issues de la rébellion islamiste s’emploient à consolider leur emprise sur le pays. Une vaste campagne de répression cible actuellement les fidèles de l’ancien régime de Bachar al-Assad. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), près de 300 personnes ont été arrêtées en l’espace de quelques jours à peine.
Des opérations de sécurité à grande échelle
Les forces de sécurité du nouveau pouvoir ont lancé jeudi dernier une série d’interventions musclées visant les « milices » restées loyales à l’ancien président déchu. Des sources proches du dossier rapportent que ces opérations d’envergure se sont déroulées simultanément dans plusieurs régions du pays :
- À Damas et sa banlieue
- Dans les provinces de Homs et Hama
- Sur la côte ouest, à Tartous et Lattaquié
- Jusqu’à l’est, dans la région de Deir Ezzor
L’agence de presse officielle Sana a fait état d’« arrestations » et de saisies « d’armes et de munitions » dans les bastions pro-Assad de Hama et Lattaquié, sans toutefois donner de bilan chiffré. Mais selon le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane, le nombre d’interpellations avoisinerait les 300 en moins d’une semaine.
Purge des anciens cadres sécuritaires
Parmi les personnes arrêtées figureraient « des informateurs des anciens services de sécurité du régime, des hommes armés fidèles au régime et pro-iraniens, des militaires et des officiers de grades inférieurs ». Certains d’entre eux sont soupçonnés d’avoir « commis des meurtres et des actes de torture » sous le règne sans partage du clan Assad qui a duré plus de 50 ans.
Le général Mohammed Kanjo Hassan, ancien chef de la justice militaire du régime déchu, fait partie des personnalités de haut rang interpellées. Selon des militants, il aurait acté des milliers de condamnations à mort expéditives contre des détenus de la tristement célèbre prison de Saydnaya.
Exactions et exécutions sommaires
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montreraient des hommes armés maltraitant des individus interpellés, allant jusqu’à commettre des exécutions sommaires. Bien que l’authenticité de ces images n’ait pu être vérifiée de manière indépendante, l’OSDH confirme que « certains individus –dont des informateurs– ont été interpellés et tués immédiatement », dénonçant des pratiques « totalement inacceptables ».
Il semblerait néanmoins que ces opérations de sécurité bénéficient de « la coopération des populations » locales selon le directeur de l’OSDH. Un soutien populaire qui s’expliquerait par le désir de tourner définitivement la page des années de plomb.
Vers une refonte des appareils sécuritaires
Au-delà de la traque des derniers fidèles de Bachar al-Assad, les nouvelles autorités entendent bien restructurer en profondeur tout l’appareil sécuritaire syrien. Anas Khattab, le nouveau chef des Renseignements généraux, a promis un vaste plan de réforme.
Nous devons mettre fin à l’injustice et la tyrannie de l’ancien régime, dont les agences sécuritaires ont semé la corruption et infligé des supplices au peuple.
Anas Khattab, chef des Renseignements généraux
Reste à savoir si cette refonte se fera dans le respect des droits humains les plus élémentaires. Les exactions commises lors des récentes arrestations font craindre de nouveaux dérapages. La transition politique syrienne est encore loin d’être achevée et la route vers un État de droit risque d’être longue et semée d’embûches.