Vous avez probablement entendu parler des armes fantômes ou « ghost guns » récemment. Ces armes en kit, fabriquées à l’aide d’imprimantes 3D, défrayent la chronique depuis quelques années. Mais saviez-vous qu’elles seraient déjà responsables d’un crime armé sur quinze aux États-Unis ? Plongeons dans l’univers inquiétant de ces armes d’un nouveau genre.
L’essor fulgurant des armes fantômes
Les « ghost guns », ainsi nommées car dépourvues de numéro de série et donc intraçables, ont connu un essor fulgurant ces dernières années. Selon les autorités américaines, les saisies de ces armes sont passées de 1600 en 2017 à 25 000 en 2022, témoignant d’une prolifération alarmante.
Cette technologie, qui n’existe que depuis une dizaine d’années, a été popularisée en 2013 par un étudiant libertarien américain. En diffusant les plans de son modèle « Liberator » sur internet, il a ouvert la voie à une fabrication à grande échelle. En seulement deux jours, le fichier aurait été téléchargé 100 000 fois.
Un procédé de fabrication à la portée de tous
La fabrication d’une arme fantôme est d’une simplicité déconcertante. Il suffit de relier une imprimante 3D à un fichier informatique généré par un logiciel dédié. La machine conçoit alors les différentes pièces en plastique qui s’assemblent ensuite manuellement. Il ne reste plus qu’à ajouter un percuteur et un canon métalliques.
Si l’équipement complet coûte au moins 1000$, des kits prêts à l’emploi s’achètent pour des sommes plus modestes, parfois moins de 500$. Sur internet, on trouve des modèles pour tous les types d’armes, des pistolets aux fusils d’assaut comme les AR-15 et AK-47.
Une menace grandissante
Bien que moins précises et résistantes que des armes conventionnelles, les armes fantômes n’en demeurent pas moins létales. Selon Europol, l’évolution rapide de la technologie 3D pourrait en faire une menace majeure dans un avenir proche.
Plusieurs crimes ont déjà été perpétrés à l’aide de ces armes. En octobre 2019, un terroriste néonazi a utilisé un fusil d’assaut artisanal pour tuer deux personnes à Halle en Allemagne. Il a ensuite posté les plans de son arme sur internet en écrivant: « Tout ce dont vous avez besoin est d’un week-end entier et de 50$ de matériel ».
Plus récemment, une source proche de l’enquête sur l’assassinat du PDG de United Healthcare Brian Thompson à New York a révélé que le suspect aurait utilisé un pistolet imprimé en 3D. Une première dans une affaire aussi médiatisée.
Une législation qui peine à suivre
Face à cette nouvelle menace, les législateurs tentent de s’adapter. Aux États-Unis, l’administration Biden a renforcé les contrôles sur ces armes fantômes. En février 2024, la justice française a démantelé un important réseau de fabrication clandestin entre la France et la Belgique.
Mais la nature même de ces armes, facilement fabriquées à domicile à partir de plans disponibles en ligne, les rend très difficiles à tracer et à réguler. Il est à craindre que leur prolifération se poursuive, avec son lot de drames.
Vers une prise de conscience ?
L’assassinat très médiatisé de Brian Thompson pourrait marquer un tournant. Pour la première fois, une arme fantôme est impliquée dans un crime visant une personnalité de premier plan. De quoi alerter l’opinion publique sur l’ampleur de la menace.
Les autorités, les entreprises de l’impression 3D et les législateurs devront unir leurs forces pour tenter d’endiguer ce fléau. Car si la technologie n’est pas intrinsèquement néfaste, son détournement par des individus malveillants représente un défi sécuritaire majeur.
Une chose est sûre : nous n’avons pas fini d’entendre parler des armes fantômes. Espérons que la prise de conscience sera à la hauteur du danger qu’elles représentent. L’avenir nous le dira.