Le monde du football anglais est en ébullition. Howard Webb, le grand patron des arbitres outre-Manche, vient d’annoncer une mesure sans précédent : dès la saison prochaine, tous les hommes en noir officiant en Premier League devront remplir un questionnaire pour déclarer leur club de cœur. Une petite révolution qui ne manque pas de faire parler sur les pelouses du royaume.
Objectif : éviter les polémiques
Derrière cette décision se cache la volonté d’éviter à tout prix les controverses qui ont entaché la saison précédente. Le match entre Nottingham Forest et Everton, crucial pour le maintien, avait notamment fait grand bruit. L’arbitre vidéo Stuart Attwell avait refusé trois penaltys potentiels à Forest, suscitant l’ire du club promu. Problème : Attwell est un supporter avoué de Luton Town, l’autre écurie menacée par la relégation à l’époque. De quoi jeter le doute sur son impartialité…
Face à ce genre de situation, la Premier League a choisi la carte de la transparence. « Les arbitres devront remplir des questionnaires où il leur est demandé de déclarer tout intérêt avant la saison, et pendant la saison si cela évolue », a détaillé Howard Webb. Et d’ajouter : « Ces informations seront publiques pour que vous puissiez voir de quoi il s’agit exactement. »
Une pratique déjà connue en interne
Si cette annonce fait grand bruit, elle n’est pas une surprise totale. L’instance en charge de la sélection des arbitres (PGMOL) connaissait déjà ces informations en interne. La nouveauté, c’est qu’elles seront désormais communiquées aux supporters. Un pas de plus vers davantage de clarté, alors que l’arbitrage est régulièrement pointé du doigt pour son opacité.
Chaque semaine, des millions de fans hurlent au scandale, persuadés que leur équipe est défavorisée. En dévoilant les potentiels biais des arbitres, on espère calmer le jeu.
– Un membre de la fédération anglaise
Les limites de l’exercice
Malgré tout, certains doutent de l’efficacité de la mesure. Peut-on vraiment croire qu’un arbitre va ouvertement déclarer soutenir un club de Premier League, au risque de s’attirer les foudres des supporters adverses chaque week-end ? Ne risque-t-on pas de voir fleurir les déclarations de complaisance, chaque officiel jurant évidemment n’avoir d’yeux que pour son club d’enfance, bien loin des paillettes de l’élite ?
- Certains estiment que seuls les arbitres n’ayant aucune attache avec un club devraient pouvoir officier au plus haut niveau.
- D’autres pensent au contraire qu’un arbitre professionnel doit savoir faire abstraction de ses préférences personnelles sur le terrain.
Une chose est sûre : la Premier League, championnat le plus suivi au monde, se devait de réagir pour préserver sa crédibilité. Reste à savoir si cette opération transparence suffira à faire taire les haters et les adeptes des théories du complot. Rien n’est moins sûr, tant la passion et la mauvaise foi caractérisent le monde merveilleux du football…
Le point de vue des arbitres
Et les premiers concernés dans tout ça, qu’en pensent-ils ? Si les syndicats d’arbitres saluent toute initiative favorisant la transparence, certains sifflets s’inquiètent d’une atteinte à leur vie privée. « Tout le monde a le droit d’avoir une équipe préférée, même nous. On ne mélange jamais boulot et passion, c’est la base. Mais maintenant, on va nous soupçonner au moindre coup de sifflet… », confie un arbitre sous couvert d’anonymat.
D’autres appellent à ne pas faire de cette histoire une montagne : « Ça fait 30 ans que j’arbitre, j’ai toujours été fan d’Arsenal et ça ne m’a jamais empêché de siffler comme il faut leurs matchs. Les joueurs le savent et s’en fichent royalement. Seuls les médias et les supporters psychorigides en font tout un foin ! », s’agace un vieux briscard du sifflet.
En attendant, gageons que la publication de la liste des clubs supportés par les hommes en noir fera figure de Unes des tabloïds anglais à la reprise. Avant d’être rapidement oubliée dès la première polémique arbitrale de la saison. Comme quoi, plus ça change, plus c’est la même chose…